Energies renouvelables : une équation plus compliquée en RDC 

La RDC fait du surplace, malgré la libéralisation du secteur de lélectricité en 2014, mettant fin au monopole de la Société nationale délectricité (SNEL). Deuxième pays le plus vaste du continent avec une superficie de 2,345 millions de km2, la RDC affiche lun des taux délectrification les plus faibles du continent. En marge de la Conférence sur lénergie, tenue à Kolwezi (Lualaba) à linitiative de la FEC (Fédération des entreprises du Congo), les participants ont appelé à une volonté politique inébranlable» pour des investissements innovants dans le secteur de lénergie.

Moins de 10 % de la population congolaise dispose dun accès à lélectricité, 35 % dans les zones urbaines (50 % à Kinshasa) et moins de 1 % dans les zones rurales. Paradoxalement, le pays dispose dun potentiel hydroélectrique de 100000 MW selon la Banque africaine de développement (BAD). Lancien président RD-congolais a tenté de débloquer le mégaprojet Inga III de 11050 MW (soutenu par lAfrique du Sud et lAngola), en le confiant à un consortium dentreprises chinoises et espagnole.

Mais le projet sommeille de nouveau depuis 2020. Entre-temps, des investisseurs se sont intéressés à dautres sources dénergies renou-velables, notamment le solaire. Cest le cas du canadien SkyPower qui a annoncé un projet de 1.000 MW en 2020, avant douvrir son capital en 2024 à lAfrica Financement Corporation (AFC), en espérant mettre un coup daccélérateur à sa mise en œuvre.

L’AFRIQUE CENTRALE, LE VENTRE MOU DU CONTINENT

Malgré les efforts et les investissements consentis ces dernières années, laccès à lélectricité demeure un défi pour les pays dAfrique centrale. Du Tchad à la République démocratique du Congo (RDC) en passant par la République centrafricaine (RCA), les pays multiplient pourtant des initiatives pour sortir de cette pauvreté énergétique.

Le 13 mars dernier, le gouvernement camerounais a publié la circulaire spécifiant la liste des équipements qui seront exonérés de taxes et droits de douane sur une période de 24 mois, à compter du 1er janvier 2024. Lexonération provisoire couvre essentiellement les équipements de production dénergie solaire et de la petite hydroélectricité.

Cette politique adoptée depuis quelques années dans dautres pays subsahariens «sinscrit en droite ligne des actions gouvernementales en faveur de labsorption du déficit énergétique à travers la diversification des sources dénergie pour les populations rurales et les industries », indique le ministère camerounais des Finances. Cette mesure vise surtout à accélérer lélectrification rurale dont le taux était estimé par Le rapport détape sur lénergie 2023 à 26,7 %, juste derrière le Gabon (27,76 %).

Sur lensemble du territoire, le Cameroun affichait un taux daccès à lélectricité de 70 % en 2021 selon lInstitut national de la statistique (INS). Au regard de ce chiffre, le pays figure parmi les bons élevés en matière délectrification, derrière le Gabon (90 %). La situation nest guère reluisante à léchelle des pays voisins de la sous-région. Dailleurs, sur les cinq plus mauvais élèves en matière délectrification en Afrique, deux se trouvent en Afrique centrale.

LIMPASSE AU TCHAD

Il sagit du Tchad et de la République centrafricaine (RCA) qui affichent respectivement un taux de 11 et 16 % selon Le rapport détape sur lénergie 2023 publié par la Banque mondiale et de lAgence internationale de lénergie (AIE). Lextrême pauvreté énergétique concerne également la RDC qui affiche un taux daccès à lélectricité de 21 %.

À un mois de la présidentielle tchadienne prévue le 6 mai 2024, les autorités de transition qui briguent la magistrature suprême ont décidé de la gratuité de leau potable et de lélectricité pour les ménages les plus défavorisés. Une mesure électoraliste qui cache mal la situation énergétique de ce pays peuplé denviron 18 millions dhabitants. Au Tchad, le taux délectrification de 11 % est lié à sa faible capacité de production délectricité estimée à seulement 125 MW en 2020 par Power Africa.

Le pays reste tributaire des combustibles fossiles pour la production de son électricité. Ces dernières années, le Tchad a attiré plusieurs investisseurs intéressés par son potentiel solaire avec un taux densoleillement exceptionnel de 2000 à 2600 heures par an. Des projets de production dénergie solaire ont ainsi été annoncés il y a plus de trois ans. Cest le cas du parc de Djermaya qui a même reçu un financement de 36,6 millions deuros de la Banque africaine de développement (BAD), de Proparco et dEmerging Africa Infrastructure Fund (EAIF) en 2021. La fourniture des premiers MW est toujours attendue.

DES EFFORTS INSUFFISANTS EN RCA

De son côté, la RCA a pu inaugurer deux centrales solaires (Danzi et Sakaï) dune capacité combinée de 40 MWc en 2023. Mais le défi de lélectrification reste immense dans ce pays peuplé de 5,5 millions dhabitants où seulement 2 % de la population rurale a accès à lélectricité selon la Banque mondiale.

Pour le président centrafricain Faustin Archange Touadera qui sest exprimé lors de la cérémonie dinauguration de la centrale solaire de Danzi (25 MWc), «les problèmes récurrents délectricité sexpliquent en partie par labsence dinvestissement depuis 40 ans dans ce secteur pourtant vital à léconomie nationale».

Cest pour répondre à cette difficulté que son gouvernement a lancé le Projet durgence pour laccès à lélectricité (Puracell), financé à hauteur de 37 milliards de francs CFA (un peu plus de 56 millions deuros) par la Banque mondiale. Outre les centrales solaires de Danzi et Sakaï déjà opérationnelles, le Puracell porte sur lamélioration du réseau de transmission et de distribution (T&D) dans le but dabsorber la capacité de production, afin de réduire les pertes T&D, tout en améliorant laccès à lélectricité par lextension du réseau de distribution.

LIMPACT DES METRO-GRIDS

Dans le même temps, lentreprise Nuru a opté pour les réseaux métropolitains (metro-grids) alimentés à lénergie solaire hybride. Cette solution a été déployée avec succès dans la ville de Goma dans le Nord-Kivu, avec pour ambition délectrifier 10 millions de personnes dici à 2030, en répliquant ce modèle dans les villes de Kindu (Maniema) et de Bunia (Ituri).

Cette avancée enregistrée dans lEst de la RDC pourrait cependant être retardée à cause des combats entre larmée régulière et les rebelles du M23 (Mouvement du 23 — Mars), même si le co-fondateur et directeur commercial de Nuru se veut plutôt rassurant et optimiste. Interrogé par Afrik21, Archip Lobo indique avoir «constaté une réelle volonté du gouvernement, que ce soit au niveau diplomatique ou militaire, daméliorer la situation sécuritaire. Ces efforts commencent à porter leurs fruits. Tout ceci contribue à mettre nos investisseurs en confiance, avec un travail au quotidien de franche communication entre Nuru, le groupe dinvestisseurs et les autorités».

Le reste de lAfrique centrale devrait afficher cet optimiste pour pouvoir relever le défi de lélectrification. Elle est la sous-région la moins électrifiée avec un taux de 23 % en 2017. En 2019, lAfrique de lOuest qui fait face aux mêmes défis économique et sécuritaire affichait un taux de 53 % selon la Banque mondiale.

Avec Afrik21

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