Désinformation, climat… Les sombres prévisions du Forum économique mondial de Davos

La désinformation et la manipulation de l’information représentent les plus grands risques à court terme, tandis que les conditions climatiques extrêmes et les changements critiques des systèmes terrestres sont les principales préoccupations à long terme, selon le Global Risks Report 2024, publié le 10 janvier 2024, en amont du Forum de Davos qui se tiendra en Suisse, du 15 au 19 janvier 2024. Intitulée «Rebuilding Trust» (« Reconstruire la confiance»), la 54ème édition du sommet annuel du WEF (World Economic Forum) souhaite mettre au programme de l’édition 2024 «les principes fondamentaux de la confiance» : transparence, cohérence et responsabilité.

Avec le boom de l’intelligence artificielle, la multiplication des fake news, infox et fausses informations compte parmi les plus grandes menaces pour l’humanité, selon le dernier rapport sur les risques mondiaux du Forum de Davos.

«Les perspectives sont sombres»

« Les perspectives sont très sombres ». Lors d’une conférence de presse à Londres ce mercredi, la directrice générale du Forum économique mondial, Saadia Zahidi, donne le ton. Le « Global Risks Report » (rapport sur les risques mondiaux) a été publié, jeudi 10 janvier, à quelques jours du lancement du Forum qui se tiendra à Davos, en Suisse, du 15 au 19 janvier.

Selon ce rapport, la désinformation constituerait la plus grande menace pour le monde dans les deux prochaines années. La deuxième serait les événements météorologiques extrêmes et la troisième la polarisation politique de la société.

Plus de la moitié de la population mondiale est appelée aux urnes cette année, avec, en point d’orgue, une élection présidentielle américaine à suspense. Et dans ce contexte électoral, le rapport des risques mondiaux 2024 place la désinformation parmi les plus grands risques pour l’humanité pour les deux prochaines années.

«Le recours généralisé à la mésinformation et à la désinformation, et les outils permettant de les diffuser peuvent miner la légitimité de gouvernements nouvellement élus », indique ce document publié ce mercredi, à quelques jours du Forum économique mondial, qui se tient à Davos, en Suisse, du 15 au 19 janvier.

Le potentiel dangereux de l’intelligence artificielle

L’inquiétude croissante concernant la désinformation est en grande partie motivée par le potentiel de l’intelligence artificielle. Entre de mauvaises mains, l’IA pourrait propager à grande échelle, via les réseaux sociaux notamment, de fausses informations.

Le rapport souligne le risque que des personnes malveillantes s’en servent pour «creuser les divisions sociétales et politiques », avec le risque de créer des troubles, tels que des «manifestations violentes », des «crimes haineux » et «des actes terroristes ».

Le dérèglement climatique, plus grande menace à long terme

Les conditions météorologiques extrêmes arrivent en deuxième position des grands risques mondiaux dans les deux prochaines années. A plus long terme, d’ici une dizaine d’années, les enjeux environnementaux deviennent la plus grande préoccupation. Les dangers liés au climat représentent ainsi cinq des dix principales menaces, selon ce rapport.

Au-delà de ces risques, s’ajoutent cette année «les inquiétudes concernant une crise persistante du coût de la vie», note le Forum de Davos dans un communiqué. Les conflits armés interétatiques figurent aussi parmi les cinq principales préoccupations des deux prochaines années.

Un ordre mondial bouleversé

Le rapport, produit en partenariat avec l’assureur suisse Zurich Insurance et le cabinet Marsh McLennan, s’appuie sur les points de vue de plus de 1.400 experts mondiaux des risques, décideurs politiques et dirigeants d’entreprises. Alors que cette enquête a été réalisée en septembre 2023, donc avant le début de la guerre entre le Hamas et Israël, les deux tiers des personnes interrogées s’attendent à ce qu’un ordre multipolaire et fragmenté prenne forme au cours de la prochaine décennie.

«Les dirigeants du monde doivent s’unir pour faire face aux crises à court terme et jeter les bases d’un avenir plus résilient, durable et inclusif », a appelé Saadia Zahidi.

La guerre entre Israël et le Hamas sera un des sujets majeurs du Forum. Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken et le président israélien Isaac Herzog y participeront, ainsi que le président français Emmanuel Macron, le nouveau chef d’Etat argentin ultralibéral Javier Milei ou encore le Premier ministre chinois Li Qiang.

L’arme d’une mondialisation sauvage

Créé en 1971 par l’économiste allemand Klaus Schwab, l’ancien « Symposium européen du management », renommé WEF depuis 1987, n’est en effet que la vitrine médiatique de l’architecture complète de l’organisation, basée dans le canton de Genève.

Dans un entretien avec l’historienne Agnès Tachin, qu’elle relate dans un article de 2015, Yann Zopf, co-organisateur de l’événement, actuellement responsable médias et membre du comité exécutif du WEF, souligne en effet que la base de l’activité de de l’organisation «n’est pas de créer des événements mais des communautés ».

Comme le résume l’historienne, « le WEF effectue essentiellement un travail de mise en relation, il favorise les contacts et les échanges entre les principaux décideurs de la planète. […] Depuis sa création, l’institution a mis sur pied [des] communautés formées de leaders politiques et économiques, d’experts, de représentants de la société civile. Plus que le sommet lui-même, vitrine de l’institution et grand barnum médiatique, le véritable intérêt du WEF […] réside dans cette intense activité de mise en réseau et de production de connaissances sur l’état du monde ». Or, ce réseautage suscite des critiques.

Et ces critiques sont si vives qu’elles ont été à la source des grandes mobilisations historiques anti-WEF du mouvement altermondialiste dans les années 2000. Un mouvement qui a remis au cœur de son analyse politique du WEF les notions de «conflits d’intérêt» et d’«anti-capitalisme », revendiquant une autre mondialisation que la mondialisation marchande et financière. Dans cette lancée, le Forum social mondial a été fondé en 2001 à Porte Alegre, au Brésil, pour servir d’alternative au Forum de Davos.

Car d’après le credo du WEF, les investisseurs, les entrepreneurs et les CEO peuvent «améliorer le monde» par leurs décisions. Un credo qui, selon le journaliste de la SRF Sebastian Ramspeck, «est revenu à la mode ces dernières années grâce à une nouvelle génération de patrons». D’après lui, ces leaders privés «aiment prendre position sur des sujets de société et de politique et veulent ainsi présenter leur entreprise sous un jour favorable».

Avec AFP

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