Une lutte sans merci pour la présidence du sénat fait rage à Kinshasa, débouchant sur des affrontements au Palais du peuple ce mardi, opposant des membres du parti présidentiel, estampillés « Forces du progrès ». Le palais du peuple, siège du parlement et réputé inviolable, était le théâtre de violences opposant les pro-Kabuya aux pro-Beya. Au point que la police a dû faire usage de gaz lacrymogène pour éloigner les manifestants. L’enjeu pour les uns et les autres, faire pression pour pousser leurs jokers respectifs au perchoir de la chambre haute envié par divers courants antagonistes du parti présidentiel.
Pendant ce temps à Goma, des dizaines de familles ont été visitées dans la nuit de lundi par des hommes en armes qui ont emporté des biens de valeur d’une population démunie et en proie à une insécurité au quotidien. Une ville de Goma surpeuplée avec l’arrivée massive des déplacés de guerre qui vivotent dans l’indifférence totale d’une autorité affairiste.
Le chef-lieu de la province du Nord-Kivu, surmilitarisé du fait de la présence de troupes de l’armée loyaliste relevées du front, de celles qui s’apprêtent à y monter, et des Wazalendo incontrôlés, est désormais à la merci de hordes d’hommes mal payés qui se servent sur la population.
Le drame est que la situation vécue à Goma comme à Kinshasa où le siège du parlement a été attaqué, est en passe de se généraliser. Le conflit communautaire quasiment oublié en territoire de Kwamouth où la milice Mobondo sème la terreur, l’instabilité dans la Tshopo, les incursions répétées des rebelles centrafricains au Nord-Uele… interpellent.
Sauf à faire montre d’un fanatisme impénitent, la situation du pays est au plus mal. Que tous ces événements se déroulent alors que le chef de l’Etat est momentanément indisponible est le signe du délitement d’une classe politique plus encline à la recherche d’avantages et des privilèges ostentatoires.
Ce sont dès lors des lendemains incertains qui s’annoncent, à moins qu’une fois rétabli, le chef de l’Etat recadre les choses dans un élan de sauver son second mandat dont on ne peut pas affirmer qu’il a démarré il y a sept mois sous de meilleures auspices.
Le recadrage souhaité par les observateurs devant impérativement s’amorcer par le rappel à l’ordre de son parti politique où des divisions internes risquent de faire tâche d’huile et d’embraser le pays dans une confrontation communautaire généralisée.
Mwin Murub Fel