Si une séparation est toujours douloureuse, elle permet néanmoins de sauvegarder l’essentiel, conserver l’estime de l’autre, éviter le pourrissement à l’exaspération et raviver le désir qu’on éprouve pour l’autre. Elle a l’avantage de faire progresser la société par le fait des contradictions, parfois positives, qu’elle génère.
Depuis quelque temps, au sein de la plateforme Lamuka, les violons ne s’accordent plus entre ses deux leaders, à savoir Martin Fayulu Madidi, président du parti politique ECIDé, et Adolphe Muzito de Nouvel Elan.
Comptés parmi les deux résistants de l’accord de Genève, en Suisse, qui a porté la candidature commune de l’opposition à la présidentielle de décembre 2018, Muzito et Fayulu ont finalement été rattrapés par l’usure du temps. L’alliance qu’ils avaient jurée de préserver ne tient plus qu’à un fil
Comme Lumumba et Kasa-Vubu, aux premiers jours de l’indépendance de la République Démocratique du Congo dans les années 1960, Fayulu et Muzito nous font revivre, à quelques exceptions près, le même scénario.
Tout est parti de l’interdiction faite par Fayulu à Muzito de ne plus agir ni parler « au nom et pour le compte » de Lamuka. Une injonction que Muzito n’a pas digérée. Et c’est le secrétaire général de son parti politique, Blanchard Mongomba, qui s’était chargé de recadrer Fayulu en lui donnant jusqu’au 11 avril 2023 pour transférer – comme l’exigent les textes fondateurs de Lamuka – la coordination à Adolphe Muzito.
On s’attendait à ce que tout se passe comme prévu par les textes fondateurs de Lamuka. A défaut, on espérait que les deux leaders allaient tempérer leurs ardeurs en acceptant de trouver une solution à l’amiable pour sauver le navire Lamuka. Que Nenni !
Le samedi 8 avril 2023, Fayulu a pris l’extrême décision en confiant la coordination de Lamuka au professeur Mathieu Kalele-ka-Bila.
Pour le camp de Muzito, c’en était trop. Pour autant, dit-on, le leader de l’ECIDé a franchi le Rubicon en procédant à ce que les partisans de Muzito assimilent à un coup de force pour dépouiller leur leader de ses droits.
«Ça ne passera pas. C’est un non-événement », a dit, fulminant de colère, un cadre de Nouvel Elan.
Décidément, entre Fayulu et Muzito, plus rien ne saurait les réconcilier. Pour Lamuka, c’est déjà le requiem – en tout cas, on n’en est plus loin.
Si du côté de Fayulu on parle d’une « auto-exclusion » d’Adolphe Muzito au sein de Lamuka, de son côté, le patron du Nouvel Elan prend acte, pour sa part, de la «rébellion» de son ancien partenaire politique et promet d’organiser une cérémonie d’auto-exclusion de Martin Fayulu et de son parti politique ECIDé dans les toutes prochaines heures.
Lamuka est à quelques pas de son dédoublement. Mauvaise augure pour le camp de la résistance qu’incarnaient alors Muzito et Fayulu, à huit mois des élections de décembre prochain.
Econews