Face à une communauté internationale qui fait preuve d’ignorance et de complicité dans le drame permanent qui endeuille l’Est de la République Démocratique du Congo, quelle stratégie de communication à mettre en œuvre pour que le cri de détresse des Congolais soit le plus audible ? C’est l’exercice auquel s’est livré, samedi 10 février, le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya Katembwe, devant les apprenants du Collège des Hautes Études de Stratégie et de Défense (CHESD), à Kinshasa.
Le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya, s’est livré samedi à une leçon magistrale sur le thème «Image de la guerre en RDC au niveau international : quelle stratégie image du pays développer ? ».
Dans le grand auditoire du Collège des Hautes Etudes de Stratégie et de Défense (CHESD), l’assistance a été édifiée des axes majeurs de la communauté stratégique en temps de guerre pour amener la communauté internationale, souvent passive, à intégrer la noble cause de la RDC et de son peuple dans son narratif.
D’entrée de jeu, le ministre Muyaya est largement revenu sur la genèse de la guerre dans l’Est de la RDC, avant de démonter la politique de victimisation mise en place par le Rwanda pour trouver un prétexte de son agression en RDC dont le nombre de morts s’élève à ce jour à plus de 15 millions de personnes.
Guerre mondiale africaine ou guerre oubliée ?
Dans la région des Grands Lacs, il y a une guerre mondiale africaine – une guerre presque oubliée – qui ne dit pas son nom. En effet, plusieurs rébellions sont déjà intervenues sur le terrain opérationnel de l’Est de la RDC poussées par les velléités expansionnistes du Rwanda.
A ce propos, Patrick Muyaya a signalé que le Rwanda a successivement sous-traité le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) et depuis une dizaine d’années, le Mouvement du 23 Mars (M23) qui ne revendique qu’une minorité tutsi dans un pays de 450 ethnies et la revendication sur le non-respect de l’accord du 23 mars. Une pure création du Rwanda.
Le porte-parole du Gouvernement a, par ailleurs, dénoncé cette politique de bon voisinage, maintes fois menacée par une campagne de diabolisation de la RDC menée par Kigali d’abord auprès de ses neuf pays voisins et, enfin, à l’international. Ce qui explique, selon lui, l’embargo injuste imposé à la RDC durant 22 ans. Un tableau noir, pense-t-il, qui, aujourd’hui avec la levée de cet embargo et la diplomatie agissante du Président Félix Tshisekedi, met à mal le plan de Kagame et de ses partenaires bien identifiés.
Le ministre de la Communication n’a pas manqué de revenir sur les revendications que le Rwanda brandit à l’international pour justifier cette guerre qu’il impose injustement à la RDC. Il s’agit, a-t-il indiqué, du fallacieux soutien de Kinshasa aux FDLR que Kigali utilise comme fonds de commerce à l’échelle internationale.
L’offensive médiatique de Kinshasa
Pour faire face à ce silence absolu et l’indifférence totale d’une communauté internationale qui fait également preuve d’ignorance ou de complicité face au drame congolais, Patrick Muyaya a fait comprendre que le gouvernement congolais a récemment publié en deux volumes le Livre blanc reprenant les différents massacres et crimes commis sur son sol de 1996 à ce jour. Il s’est, en même temps, déployé sur plusieurs fronts, à la fois diplomatique, militaire, judiciaire, médiatique et économique, pour dénoncer le «génocide oublié» en RDC.
A Kinshasa, on est convaincu que le Rwanda survit grâce à cette guerre et tient à la pérenniser pour bâtir une pseudo économie forte en Afrique et dans le monde. Un narratif que le gouvernement est en train de démonter.
Le ministre a fini son exposé en rappelant à ses compatriotes, venus nombreux au CHESD, qu’il faut communiquer pour « rassurer, expliquer, informer, sensibiliser et présenter les avancées », faisant remarquer que «détruire un fake news exige une communication officielle à travers les canaux publics authentifiés sur les réseaux sociaux et à travers les médias crédibles ainsi que la maîtrise du paysage médiatique international et des spécificités des médias». D’où, son appel : «Changer de narratif, un impératif patriotique collectif… Bendele Ekweya Te. Pas 1 seul centimètre.» C’est la nouvelle campagne que lance ce lundi 12 février 2024 à Kinshasa le Gouvernement via le ministère de la Communication et Médias.
Tighana M.