Comment la crise climatique et la déforestation ont participé aux inondations meurtrières exceptionnelles en RDC

Depuis près d’un mois, la RDC est submergée. Le fleuve qui traverse le pays et ses affluents ont inondé les deux tiers du territoire, lors d’une crue qualifiée d’exceptionnelle. Derrière cette catastrophe qui a fait des centaines de victimes, le changement climatique mais aussi la déforestation sont pointés du doigt par les scientifiques et les autorités locales.

En République Démocratique du Congo (RDC), la décrue a commencé depuis quelques jours. Pourtant, un retour à la normale n’est pas prévu avant plusieurs semaines pour les centaines de milliers d’habitants sinistrés. Cela fait près d’un mois que le pays subit des inondations dévastatrices, suite à des précipitations extrêmement intenses.

Dans quatorze provinces, les eaux du fleuve Congo, deuxième fleuve du monde par son débit après l’Amazone, et de ses affluents ont tout submergé, résultat d’une crue exceptionnelle. À Kinshasa, la capitale du pays, des sites résidentiels, touristiques ou industriels situés au bord de fleuve ont été inondés, pendant que dans des quartiers populaires des rivières ont déversé leurs eaux noirâtres et malodorantes dans les rues et les maisons.

Ce n’est pas la première fois que la ville est sous l’eau. Mais cette année, c’est pire que jamais, affirment les riverains. «Chaque année, de décembre à mi-janvier, il y a une crue sur l’ensemble du bassin du Congo», explique auprès de l’AFP Daniel Lwaboshi, directeur général de la Régie des voies fluviales (RVF)de la RDC. Une crue «normale» atteint 5 mètres, mais cette fois, les 6 mètres ont été dépassés, s’approchant des 6,26 m enregistrés lors de la grande crue de 1961.

Intempéries et déforestation

À l’origine de cette catastrophe, plusieurs raisons sont évoquées. Il a beaucoup plu, un phénomène accentué par le changement climatique, souligne Daniel Lwaboshi. Mais «la main de l’Homme» est aussi responsable. À cause de la déforestation, «la terre devient dure, l’eau ne s’infiltre plus dans le sol et va se déverser dans le fleuve».

Du côté de Raphaël Tshimanga, hydrologue interrogé par Le Monde, le constat est le même : «Nous assistons depuis 2015 à des événements hydrologiques rares qui nous font penser aux conséquences du changement climatique, aggravé par la déforestation.»

Les forêts du Bassin du Congo, dont plus de la moitié sont situées en RDC, sont en effet particulièrement victimes de déforestation. Ce massif forestier est l’un des plus menacés de la planète, derrière l’Amazonie. En cause, l’agriculture, notamment les plantations de palmiers à huile, et la demande croissante «en bois de chauffage et en charbon de bois», résume le WWF. En 2019, ce sont ainsi 475 000 hectares de forêt primaire qui disparaissaient en RDC selon l’outil de surveillance forestière Global Forest Watch.

La catastrophe se répète

Et les conséquences sont dévastatrices. Entre décembre 2023 et janvier 2024, la crue du fleuve Congo a provoqué au moins 300 décès dans le pays. Le nombre total de sinistrés le long du cours d’eau et de ses affluents n’est pas connu mais se chiffrerait à des centaines de milliers. Maisons dévastées, routes coupées, quartiers évacués, flux commerciaux interrompus… Autant de dégâts matériels auxquels vient s’ajouter la crainte d’importants risques sanitaires.

«Il y a déjà une prolifération importante de moustiques, la malaria nous menace », témoigne auprès de RFI une habitante de la commune de Barumbu. «Les eaux du fleuve se mêlent à celles des égouts et des caniveaux, générant des odeurs insupportables. Certains d’entre nous souffrent déjà de maux de ventre. La situation est critique», ajoute-t-elle. Pourtant, la situation n’est pas nouvelle. Seulement quelques mois plus tôt, en mai 2023, c’est la région de Kalehe qui était touchée. Des inondations et des glissements de terrain avaient alors causé la mort de plus de 400 personnes. Et là aussi, la déforestation massive de la zone était pointée du doigt parmi les principales causes de la catastrophe.

Avec AFP

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Verified by MonsterInsights