Charte de l’Union sacrée : comme un air de déjà vu !

En République Démocratique du Congo, l’histoire a l’avantage de se répéter. Hier, grands chantres du FCC (Front commun pour le Congo) de Joseph Kabila, les mêmes acteurs – en tout cas une bonne majorité – ont fait allégeance, mercredi 5 avril au Pullman Grand Hôtel Kinshasa, au président de la République, Félix Tshisekedi Tshilombo, désormais autorité morale de l’Union sacrée de la nation (USN). Ainsi formalisée, c’est avec l’USN, muée en plateforme politique, que le Chef de l’Etat ira, en décembre prochain, à la conquête d’un second mandat présidentiel. Dans son volet opérationnel, l’USN s’appuie sur un présidium de six personnalités avec, à la pointe de l’attaque Christophe Mboso, Modeste Bahati, Sama Lukonde, Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Augustin Kabuya, secrétaire général de l’UDPS.
Un grand jour à l’Union sacrée de la Nation le 5 avril 2023. Ils (Elles) sont venu (e)s des quatre coins du pays pour la signature de la Charte de l’Union sacrée de la Nation. Pourtant, nombre d’entre eux étaient coutumiers de ce type d’exercice pour s’y être adonnés dans un passé pas si lointain. En l’absence du président de la République, c’est Christophe Mboso N’Kodia Pwanga, président de l’Assemblée nationale qui présidait la grand-messe. La sortie officielle de l’Union sacrée de la Nation est annoncée au 22 avril.
Pour la signature de la Charte de l’Union sacrée ce mercredi 5 avril 2023, le salon Congo de l’hôtel Pullman a fait salle comble. Ils sont tous venus : chefs de corps constitués, chefs de partis politiques, députés et sénateurs, gouverneurs de province, personnalités ne représentant que leur propre personne; des membres d’associations et autres organisations plus ou moins proches de l’UDPS côtoyaient des adhérents de fraîche date. Parmi eux, on pouvait reconnaître d’anciens alliés de l’ancien président Joseph Kabila. Des ténors de l’ex-majorité passés dans le camp présidentiel après l’implosion de la coalition FCC-CACH au second semestre de 2022.
Parmi les présences les plus remarquées, celles de Lambert Mende, Alain Atundu Liongo, Tryphon Kin Kiey Mulumba, respectivement, ancien ministre de la communication et truculent porte-parole du gouvernement; porte-parole du Front commun pour le Congo (FCC), ancien ministre des PTT et l’un des chantres talentueux du kabilisme triomphant à travers sa structure «Kabila Désir» et son slogan placardé jadis dans les médias : «Kabila : Totondi yo nanu te » (Kabila, nous ne sommes pas encore rassasiés de toi, ndlr).
Entre sourires apprêtés, poignées de mains et accolades ostentatoires, ils ont répondu à l’appel de l’Union sacrée de la nation pour la signature de la Charte de l’Union sacrée.
Le texte, composé de 68 articles, stipule que les signataires s’engagent à faire montre de solidarité, à s’abstenir de déclarations intempestives dans les médias mais surtout, à ne pas remettre en question les directives édictées par la direction de la plateforme.
Quant aux partis politiques, ils devraient, sur le papier du moins, garder leur autonomie, sous réserve de veiller sur la solidité de leur coalition.
La question de la candidature de Félix Tshisekedi n’a certes pas été évoquée au cours de cette cérémonie, mais son ombre a plané sur la cérémonie. Et dans tous les esprits, il était clair que l’engagement à respecter scrupuleusement les directives venues d’en haut, est synonyme d’un indéfectible attachement au président de la République et le soutien sans faille à sa candidature à la présidentielle de décembre 2023, tout en lui apportant une majorité confortable à l’Assemblée nationale.

On prend les mêmes et on recommence
Parmi les signataires de la Charte de l’Union sacrée de la Nation, les trois quarts sont d’anciens membres du PPRD, ancien parti présidentiel. Eux aussi s’étaient adonnés, en leur temps, au même exercice dans le cadre du Front commun du Congo (FCC). Eux aussi, à l’époque, avaient apposé leur signature sur un Acte d’engagement, jurant fidélité et un attachement indéfectible attachement au Raïs.
L’on se souvient de l’ouvrage du professeur Evariste Boshab qui, dès 2015, théorisait la constitutionnalité d’un troisième mandat de Joseph Kabila. S’ensuivirent des conférences «scientifiques» à grand coups d’une média-tisation à outrance. Cet ouvrage fut l’un des facteurs déclencheurs des violences préélectorales de 2016. L’un des piliers du PPRD aux côtés d’Emmanuel Shadary (resté dans le camp Kabila) et le professeur Adolphe Lumanu, sans nul doute, il devrait véhiculer de nouvelles thèses pour la pérennisation du pouvoir en place.
Comme pour le FCC naguère, la même question revient comme un éternel leitmotiv : l’Union sacrée n’est ni un parti politique, encore moins à ce stade, une plateforme électorale. Seuls les constitutionnalistes qui s’empoignent selon leurs penchants politiques sauraient peut-être y apporter une réponse convaincante.
Toujours qu’à huit mois des élections du 20 décembre 2023, en RDC, Félix Tshisekedi a définitivement mis une croix à l’accord qui l’a porté au pouvoir, celui de Nairobi signé avec Vital Kamerhe de l’UNC, en mettant en place l’Union sacrée de la nation, désormais formalisée autour d’une charte. C’est avec cette nouvelle machine politique qu’il va s’engager au sprint électoral de décembre prochain.

Econews

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