La Commission électorale nationale indépendante (CENI) vient de reporter une nouvelle fois l’opération de dépôt des candidatures aux sénatoriales ainsi qu’aux élections des gouverneurs et vice-gouverneurs de province. Si le report semble être motivé par des contraintes financières et la recherche d’une plus grande inclusivité, des signes probants attestent qu’il y aurait des tensions politiques autour de la validation, au sein de la majorité au pouvoir, avec des allusions à des manipulations potentielles par certains acteurs politiques. Dans la ville haute, ça se discute à haute voix. Nombre d’observateurs pensent que l’Union sacrée de la nation (USN) n’ayant pas encore trouvé de compromis sur les candidats, son gouvernement prive la CENI des moyens pour organiser les élections… Les prétendants à ces élections ont jusqu’au 8 mars prochain, Journée internationale de la femme, pour déposer leurs dossiers aux différentes antennes de la CENI.
Pour la troisième fois, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a reporté au 8 mars l’opération de traitement des dossiers de candidature à l’élection des sénateurs, gouverneurs et vice-gouverneurs de province. Ceci ressort d’un communiqué de la CENI publié le 1er mars. (Lire le communiqué ci-dessous). Si l’argument de « contraintes d’ordre financier » est un classique du genre auquel la Centrale électorale a habitué l’opinion congolaise qui ne s’en étonne plus, «la recherche d’une inclusivité plus large » en revanche ne résiste pas à une analyse objective. Après l’Assemblée nationale où l’UDPS règne en maître à l’issue des élections législatives de décembre 2023, ses alliés n’entendent plus lui laisser les coudées franches dans la manipulation qui conduirait « à la nomination » des sénateurs, gouverneurs et vice-gouverneurs de province. D’où l’embarras manifeste exprimé par la CENI sous la forme trompe-l’œil de la recherche d’une «inclusivité plus large».
L’UNION SACREE SUR LA SELLETTE
D’une part, il apporte de l’eau au moulin des détracteurs du Bureau Denis Kadima qui ont toujours invoqué son assujettissement aux dictats du parti présidentiel et d’autre part, il est surtout révélateur de la mainmise croissante du secrétaire général de l’UDPS qui en réalité serait à la manœuvre depuis l’époque du dépôt de dépôt de candidatures à la députation nationale. C’est Augustin Kabuya en personne qui, selon eux, aurait en effet orchestré le choix des candidats députés et, ultérieurement, opéré son choix dans leur «nomination ».
Pourtant, des sources proches de la CENI renseignent que le report du dépôt et de traitement des dossiers de candidature à l’élection des sénateurs, gouverneurs et vice-gouverneurs de province achopperaient sur les appétits de la multitude des partis et regroupements politiques formant la constellation Union sacrée.
Les alliés de l’UDPS n’entendent plus de se trouver coiffés au poteau une seconde fois. Après s’être taillé la part du lion à l’Assemblée nationale, il n’est plus question de laisser carte blanche à Denis Kadima et Augustin Kabuya dans leur dessein de modeler la chambre basse du parlement à leur image, et à «nommer » gouverneurs et vice-gouverneurs de province à leur guise.
EQUILIBRISME ET FRUSTRATIONS
Certes, la sempiternelle question du « poids politique » des uns et des autres pourrait servir d’argument pour renvoyer dans les cordes les petits partis politiques apparus comme par une génération spontanée à la veille-même des élections de décembre 2023 et enregistrés à la chaîne au ministère de l’Intérieur.
Sur le papier, ils apportaient leur caution « à la vision du chef de l’Etat » sans justifier d’une quelconque expérience politique. Se vantant de constituer « la base » annexe de l’UDPS, leur rejet systématique pourrait constituer un danger pour un parti présidentiel devenu trop gourmant et tenté d’accaparer l’essentiel du pouvoir au parlement aussi bien que dans les Exécutifs provinciaux. Or, les ignorer purement et simplement peut s’avérer indélicat dans la mesure où leur frustration éroderait sensiblement la base de sympathisants irréductibles du second mandat de Félix Tshisekedi.
En définitive, c’est à un périlleux jeu d’équilibrisme que jouent l’UDPS et la CENI. Il s’agit de trouver d’ici au 8 mars un mécanisme qui contente tout le monde sans que personne ne perde la face. Entre la « fidélité » au chef de l’Etat et les impératifs de jouissance et d’enrichissement rapide, les recalés auront vite fait d’opérer leur choix.
Econews