Que reste-t-il aux Congolais quand des pans entiers de l’économie nationale sont pris en otage par des expatriés qui imposent leur ligne de conduite, défiant les lois du marché ? Des banques au commerce en passant par les industries manufacturières – les rares qui existent encore en République Démocratique du Congo, ce sont des Libanais, Indiens et Indo-pakistanais qui font la loi. Ils sont en train d’être rejoints par des Chinois et Turcs, attirés eux aussi par le nouvel Eldorado congolais qui ne profite nullement aux Congolais, enclin plutôt à la politique et aux églises, dites de réveil, alors qu’elles n’assurent pas le réveil des consciences. Paradoxe pour un pays qui voit son économie échapper à son contrôle.
Dans la République Démocratique du Congo, un constat amer se dessine : une partie significative de l’économie nationale est désormais aux mains d’expatriés qui agissent en maîtres, ignorant les règles du marché. Des secteurs aussi cruciaux que les banques, le commerce et les industries manufacturières, pourtant rares, sont dominés par des Libanais, Indiens et Indo-pakistanais, qui dictent leur loi. Cette mainmise est en train de s’étendre aux Chinois et Turcs, attirés par le prétendu Eldorado congolais, laissant les Congolais sur la touche.
Ce phénomène crée un paradoxe saisissant : un pays dont l’économie lui échappe progressivement, laissant sa population démunie. Pendant que les expatriés prospèrent, les Congolais se retrouvent relégués à la politique et aux églises, souvent qualifiées de « réveil » sans en avoir la substance. Cette situation souligne l’urgence pour la République Démocratique du Congo de reprendre le contrôle de son économie pour le bénéfice de ses citoyens.
Le secteur bancaire en otage : un obstacle pour les entrepreneurs locaux
Les banques en RDC se sont construites autour des réseaux commerciaux, créant ainsi un environnement peu propice à la concurrence pour les entrepreneurs locaux qui disposent d’un faible avantage comparatif. Les Libanais, prospères dans le commerce général, ont ainsi fondé leurs propres banques telles que Solidaire Banque et Sofibanque. Dans le domaine du commerce, les Libanais sont présents à travers des géants de l’import-export comme le Groupe Congo Futur et Socimex.
Les Indo-pakistanais, qui ont une longue histoire en RDC avec le puissant groupe Beltexco de la famille Rawji, ont également investi dans le secteur financier en créant la Rawbank, première banque de la RDC. En plus de leur réseau commercial avec Beltexco, le groupe Rawji a acquis la Marsavco, consolidant ainsi leur position monopolistique dans le secteur des oléagineux.
Les Nigérians, Gabonais et Camerounais se sont également joints à cette course à la domination de l’économie congolaise. Avec des banques puissantes implantées en RDC telles qu’Access Bank, UBA et FBN Bank, les Nigérians ont offert un soutien financier indispensable à leurs commerçants spécialisés dans les pièces de rechange. Les Gabonais et les Camerounais, ambitieux et déterminés, ont établi leur présence respectivement avec la BGFI Bank et Afriland First Bank.
Le Kenya, qui veut aussi profiter du vaste marché congolais dans le cadre de l’EAC (Communauté de l’Afrique de l’Est), s’est lancé à la conquête du secteur bancaire congolais avec le rachat de la BCDC par le Groupe Equity et de la TMB par KCB Group, la deuxième banque kenyane.
Dans cette lutte entre les banques et le commerce, les Congolais semblent être plus spectateurs qu’acteurs, relégués au second plan dans l’économie de leur propre pays.
L’entrepreneuriat local : un défi à relever collectivement
La République Démocratique du Congo s’efforce de promouvoir l’entrepreneuriat local à travers l’Autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé (ARSP), qui cherche à offrir aux entrepreneurs congolais des opportunités sur le vaste marché économique du pays. Cependant, le défi est immense et l’ARSP ne pourra y faire face seule. Il est impératif d’aller plus loin, en particulier en obtenant un engagement réel de l’État pour contribuer à l’émergence d’une classe moyenne dynamique.
Il est crucial de renverser la tendance actuelle qui risque, à terme, de priver les Congolais du contrôle de leur propre économie. Actuellement, de nombreux Congolais se réfugient dans l’engagement politique, un domaine incertain et imprévisible. Et en cas d’échec sur cette voie, une alternative semble être de créer des églises, davantage de «sommeil » que de «réveil ». Un exemple frappant de cette évolution est observé dans le quartier industriel de la commune de Limete, où les églises ont remplacé les industries d’antan. Un recul regrettable !
L’économie nationale étant désormais gérée par des expatriés, il est grand temps que les autorités congolaises prennent des mesures pour protéger les intérêts économiques du pays et garantir que les richesses nationales profitent à la population locale. Il est crucial de mettre en place des politiques et des régulations efficaces pour limiter l’influence des expatriés et encourager le développement des entreprises congolaises. Sans ces actions décisives, le potentiel économique du pays continuera d’échapper à ceux qui devraient en bénéficier en premier lieu : les Congolais.
F.K.