Le vice-Premier ministre Jean-Pierre Bemba a-t-il sciemment saboté le rapprochement entre le Président Félix Tshisekedi et Martin Fayulu ? Dans une interview explosive sur Top Congo, le leader du MLC a violemment attaqué la CENCO, l’accusant de comploter avec Joseph Kabila et Moïse Katumbi pour « déstabiliser » le pays. Une sortie qui discrédite subtilement l’initiative de Fayulu, pourtant soutenue par l’Église, visant à créer un « Camp de la patrie » contre la crise nationale. Mais pourquoi Bemba a-t-il choisi ce moment précis ? Crainte d’être marginalisé ? Divisions au sein de la majorité ? Ou simple calcul pour fragiliser l’opposition ? Une chose est sûre : sa déclaration enflamme la scène politique et pourrait enterrer toute tentative d’union nationale. Décryptage d’une déclaration aux lourdes conséquences.
La scène politique congolaise, toujours aussi imprévisible, vient d’être secouée par une nouvelle sortie médiatique du vice-Premier ministre Jean-Pierre Bemba. Sur les ondes de Top Congo, le leader du MLC a non seulement relancé le débat sur d’hypothétiques transferts de fonds vers le Rwanda sous l’ère Kabila, mais il a aussi, de manière plus subtile, torpillé l’initiative de Martin Fayulu visant à unir les forces politiques et sociales autour d’un « Camp de la patrie ».
Une attaque à double tranchant
Bemba ne s’est pas contenté de remettre en cause la crédibilité de la CENCO, qu’il accuse de comploter avec Joseph Kabila et Moïse Katumbi pour « déstabiliser » le pays. Il a aussi, implicitement, sapé les efforts de Fayulu, qui appelait précisément à s’appuyer sur cette institution ecclésiale pour consolider une alliance nationale.
La question qui s’impose est la suivante : pourquoi maintenant ? Alors que Félix Tshisekedi semblait ouvrir la porte à un dialogue avec l’opposition, notamment Fayulu, cette sortie vient jeter un froid. Était-ce une manœuvre pour empêcher un rapprochement qui marginaliserait Bemba ? Ou simplement le reflet des profondes méfiances qui traversent la classe politique congolaise ?
Le « Camp de la Patrie » en péril ?
Fayulu, en proposant ce front commun, jouait la carte de l’unité face aux défis sécuritaires et économiques. Mais Bemba, en pointant du doigt la CENCO et en insinuant l’existence d’un « plan macabre » contre Tshisekedi, a réussi à semer le doute. Son discours laisse entendre que derrière l’appel à l’union se cacherait en réalité une machination politique.
Sur la toile, un internaute réagit avec virulence aux déclarations de Bemba : «Son attitude est tout simplement déviante, clivante. Il est conflitogène et opportuniste. Ses déclarations, non étayées par des documents authentiques, me semblent légères et irresponsables. De plus, ses réflexions décousues concernant les initiatives de paix dans notre pays risquent d’attiser les tensions et de consolider durablement le statu quo territorial actuel. Dès lors, tolérerait-il ou même favoriserait-il une balkanisation de fait ? »
Résultat : le projet de Fayulu, déjà fragile, risque de perdre encore en crédibilité. Si même un membre éminent de la majorité présidentielle comme Bemba rejette cette initiative, comment convaincre l’opinion publique de sa sincérité ?
Jeu d’échecs politique ou crise de leadership ?
Derrière cette polémique se cache une réalité plus profonde : la lutte d’influence au sein même de l’échiquier congolais. Bemba, en tant que vice-Premier ministre, a-t-il agi en solo, ou son intervention reflète-t-elle des tensions au sein de l’exécutif ?
Le plus évident est que cette sortie de Bemba fragilise autant Fayulu que la perspective d’une opposition unie. Elle rappelle aussi que, dans un pays où les alliances sont mouvantes et les loyautés incertaines, la méfiance reste la règle.
Si le «Camp de la patrie» devait être la solution pour sortir la RDC de l’impasse, il faudra d’abord surmonter les divisions internes et les accusations mutuelles. Bemba, en jetant ce pavé dans la mare, a peut-être scellé le sort de cette initiative avant même qu’elle ne décolle.
Mais au-delà des calculs politiciens, une question demeure : la classe politique congolaise est-elle réellement prête à mettre de côté ses rivalités pour le salut du pays ?
Pour l’instant, les événements récents ne permettent pas d’y croire. Et c’est peut-être là le plus grand échec de tous.
Econews