Après l’élection de la RDC au Conseil de sécurité de l’ONU : Denis Mukwege plaide pour un «Tribunal pénal international pour le Congo »

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À la suite de l’élection de la République Démocratique du Congo (RDC) comme membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU pour 2026-2027, le Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix, appelle les autorités congolaises à saisir cette « occasion historique » pour mettre en œuvre la justice transitionnelle. Dans un message publié sur son compte X, il réclame la création d’un tribunal pénal international pour le Congo afin de briser le cycle de l’impunité et d’instaurer une paix durable dans l’Est du pays. Alors que la RDC fait son retour sur la scène diplomatique avec 183 voix sur 187, Mukwege exhorte le gouvernement à placer les aspirations du peuple au cœur de ce nouveau mandat.

Dans un vote historique à l’Assemblée générale des Nations Unies, la République Démocratique du Congo (RDC) a retrouvé son siège au Conseil de sécurité, l’organe exécutif le plus puissant de l’organisation mondiale. Avec 183 voix favorables sur 187 votants, la RDC décroche un siège non permanent pour le biennum 2026-2027, marquant ainsi son retour dans l’arène diplomatique internationale après plus de trois décennies d’absence.

Cette élection intervient à un moment particulièrement symbolique pour le pays africain. Elle coïncide avec trois anniversaires cruciaux, notamment les 15 ans du Rapport Mapping documentant les violations graves des droits de l’homme en RDC, les 30 ans du début des conflits meurtriers qui ont ensanglanté le pays et les 65 ans de l’indépendance du pays.

Le Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix 2018, a immédiatement réagi à cette élection en soulignant son importance historique. Dans une déclaration publiée sur son compte X, le célèbre gynécologue a déclaré : «Cette élection offre une opportunité sans précédent de placer la justice transitionnelle au cœur de l’agenda international. Nous devons saisir ce mandat pour établir enfin un tribunal pénal international pour la RDC et briser le cycle infernal de l’impunité ».

Les attentes sont immenses quant au rôle que pourra jouer la RDC durant ce mandat. Plusieurs défis majeurs se présentent, à savoir : la sécurisation de l’Est du pays où persistent des conflits armés, la lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles, la protection des civils contre les violences sexuelles utilisées comme arme de guerre

La promotion d’une justice transitionnelle effective

«Après trois décennies de souffrances inouïes avec des millions de morts, des centaines de milliers de femmes violées et des déplacements massifs de population, ce mandat doit être celui de la rupture », a insisté le Dr Mukwege, appelant les autorités congolaises à « faire preuve d’une détermination sans faille ».

Aux côtés de la RDC, quatre autres pays ont été élus membres non permanents, dont le Libéria pour l’Afrique, le Bahreïn pour l’Asie-Pacifique, la Colombie pour l’Amérique latine et la Lettonie pour l’Europe orientale.

Ils rejoindront à partir du 1er janvier 2026 les cinq membres non permanents en poste (Danemark, Grèce, Pakistan, Panama et Somalie) et les cinq membres permanents disposant du droit de veto (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni et Russie).

Un siège à forte valeur stratégique

Si les membres non permanents ne disposent pas du droit de veto, leur influence n’est pas symbolique pour autant. La RDC pourra, à ce titre, participer aux comités de sanctions, coprésider des dossiers sensibles, porter des résolutions importantes et servir de relais pour les préoccupations africaines.

«Ce siège nous donne une tribune exceptionnelle pour défendre non seulement nos intérêts nationaux, mais aussi les grandes causes du continent africain », a déclaré un diplomate congolais présent au vote de New York.

Expérience et ambitions

La RDC n’en est pas à son premier mandat au Conseil de sécurité, ayant déjà siégé en 1982-1983 et 1991-1992. Mais le contexte actuel est radicalement différent. Le pays entend capitaliser sur, entre autres, son poids démographique (plus de 100 millions d’habitants), ses immenses ressources naturelles, sa position géostratégique en Afrique Centrale et son expérience des crises sécuritaires.

Les observateurs internationaux soulignent que ce mandat constitue un test crucial pour la diplomatie congolaise, qui devra naviguer entre les tensions géopolitiques actuelles tout en défendant ses priorités nationales.

Un enjeu pour toute la région des Grands Lacs

La présence de la RDC au Conseil de sécurité pourrait avoir des répercussions majeures sur la stabilité de toute la région des Grands Lacs. Plusieurs dossiers sensibles pourraient être portés à l’agenda, notamment le suivi des accords de paix régionaux, la lutte contre les groupes armés transfrontaliers, la régulation du commerce des minerais et la protection des réfugiés.

«Ce mandat arrive à point nommé alors que nous travaillons à une solution régionale globale pour pacifier l’Est de la RDC », a commenté un diplomate africain sous couvert d’anonymat.

Alors que les nouveaux membres entameront leur mandat dans six mois, tous les regards sont désormais tournés vers Kinshasa pour voir comment le pays utilisera cette opportunité historique pour changer le cours de son destin et contribuer à la paix internationale.

Econews

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