Comme un feu qui couve sous la cendre et qui, d’un coup, s’enflamme et finit par embraser toute une forêt, tel est le cas actuel du regroupement politique AFDC/A de Modeste Bahati. Ce dernier, président du sénat de la législature passée et actuellement 2ème vice-président de la chambre haute, a répondu aux appels de sa «base» déçue de son traitement injuste dans le partage des postes au sein du gouvernement. Les plus radicaux réclamant ni plus ni moins le retrait de leur formation politique de l’Union sacrée de la Nation (USN). Se présentant comme la deuxième force politique représentée dans les organes délibérants, l’AFDC/A ne compte que deux ministres dans le gouvernement Suminwa. D’où le sentiment de frustration qui met à mal la coalition gouvernementale où le parti présidentiel, l’UDPS, se taille la part du lion. Au cours d’une conférence de presse tenue ce lundi, Modeste Bahati a tempéré les ardeurs sans pour autant rejeter les aspirations de ses militants qui seront débattues au cours d’un congrès extraordinaire projeté à brève échéance.
C’est dans une salle des conférences du Centre interdiocésain de Kinshasa, là même où s’étaient tenues en 2016 les négociations qui débouchèrent sur l’accord de la Saint Sylvestre que Bahati Lukwebo a tenu à préciser la position de l’AFDC/A quant à l’appartenance de son regroupement politique à l’Union sacrée de la Nation.
Se présentant comme quelqu’un qui choisit avec sagesse les opportunités qui commandent à prendre la parole, il a d’emblée annoncé que dans la vie, «il faut éviter de parler quand ce n’est pas opportun même quand on a pour fonction parlementaire ou enseignant».
La prise de parole du 2ème vice-président du sénat faisait suite, selon ses dires, aux sollicitations des fédérations du pays comme celles de l’étranger, les ligues des femmes et des jeunes et autres structures de l’AFDC/A, du fait de n’avoir tiré avantage de leur dur labeur tel que l’a décidé le peuple congolais dans les urnes en décembre 2023. Malgré tout, a-t-il annoncé, « j’ai décidé de calmer la tempête et de me référer une fois de plus à Son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat et garant de la justice et de la paix sociale ».
La frustration et l’injustice dont se plaint les parti et regroupement politique de Bahati Lukwebo remonte non seulement à la publication du gouvernement Suminwa en juin 2024, mais elle résulte également de l’invalidation de l’un de ses fils, élu de Kabare, proposé naguère au bureau de l’Assemblée nationale. Son invalidation, suivie de sa réhabilitation rocambolesque ont laissé des traces.
Mais c’est la formation du gouvernement qui aura fini par enfoncer le clou. L’AFDC/A, deuxième force politique à l’Assemblée nationale s’en sort avec deux maigres portefeuilles ministériels. C’en était trop. Il fallait réagir. Coup sur coup, les fédérations se mettent en branle et exigent réparation. Les plus radicaux exigeant que Bahati prenne la décision courageuse de quitter l’USN de Félix Tshisekedi.
Sans prendre une résolution radicale, mais tout en épousant les points de vue de sa «base», Bahati Lukwebo n’en est pas moins convaincu de l’injustice dont sa formation politique serait victime : «Nous disons non à l’injustice, à la marginalisation et à l’acharnement politique et réclamons haut et fort notre véritable place dans les institutions de la République».
Surtout, il considère que «ce que ce qui est arrivé à l’AFDC/A à la sortie du gouvernement Judith Suminwa Tuluka est biblique. Tous ceux qui combattent injustement les enfants de Dieu finissent par périr». Tout était dit.
TIRS A BOUT PORTANT
Sans citer quiconque au sein de l’USN, Bahati a exprimé sa profonde conviction quant aux relations qui régissent les partis membres de la coalition gouvernementale : « La haine et la jalousie sont aveugles mais par la prière toute personne soucieuse de la cohésion au sein de l’Union sacrée de la Nation ne pourra fermer les yeux sur le poids politique de l’AFDC/A qui aligne après de rudes batailles électorales sur l’ensemble du pays : 13 sénateurs, 40 députés nationaux, 77 députés provinciaux et 94 conseillers communaux sans compter les sièges perdus à la CENI et à la Cour constitutionnelle et dans d’autres cours et tribunaux».
En tout état de cause, le leader de l’AFDC/ a annoncé la constitution d’une commission chargée de préparer le congrès extraordinaire qui devra statuer sur son appartenance à l’USN et, éventuellement, conduire à une éventuelle élection à la direction du regroupement.
Répondant à une question sur la situation sécuritaire en général et au Nord-Kivu en particulier, Modeste Bahati a saisi l’occasion de «demander ou même de supplier les éventuels faucons, extrémistes, personnes aux cœurs d’acier et même aux supposés courtisans de s’éloigner du chef de l’Etat car la vie des innocents qui meurent dans cette agression est pareille à notre propre vie».
Tout en reconnaissant que «les efforts fournis jusque là par le gouvernement de notre pays pour mettre fin à la guerre d’agression n’ont pas donné des résultats satisfaisants à cause des trahisons et des complicités internes», il s’en remet au chef de l’Etat en s’engage à soutenir tous les efforts qui tendraient à favoriser le rétablissement de la paix, par toutes les voies qu’elles soient économiques, militaires ou diplomatiques.
MWIN M.F.