Des mesures de relance de l’économie chinoise seront-elles annoncées ? C’est la question qui taraude les économistes et observateurs du géant asiatique, alors que s’ouvre ce lundi le troisième plénum du Comité central du Parti communiste chinois. Ce grand rendez-vous de la vie politique chinoise, qui se tient jusqu’à jeudi à Pékin sous la direction du secrétaire général du Parti, Xi Jinping, est traditionnellement consacré aux grandes orientations de l’économie.
Il s’ouvre le jour même où la Chine publie son chiffre de croissance du PIB pour le deuxième trimestre, qui devrait témoigner d’un ralentissement de la deuxième puissance économique mondiale. Un an et demi après la levée des restrictions sanitaires liées à la stricte politique « zéro Covid », la reprise tant espérée a fait long feu.
L’économie chinoise est toujours pénalisée par une crise immobilière lancinante, une consommation des ménages poussive et des entreprises attentistes dans un contexte de fortes incertitudes.
Pékin dépend désormais largement des exportations pour stimuler sa croissance économique mais cette stratégie atteint ses limites, car les partenaires commerciaux, dont l’Union européenne et les Etats-Unis, ont commencé à s’opposer à l’abondance de produits bon marché, accusant la Chine de faire du dumping. Dans la foulée de Washington, la décision récente de Bruxelles de relever les droits de douane sur les véhicules électriques chinois ulcère Pékin qui promet des mesures de représailles.
PAS DE GRANDES REFORMES
«Nous travaillons aujourd’hui à concevoir et à appliquer d’importantes mesures visant à approfondir la réforme sur tous les plans», a indiqué Xi Jinping dans un discours récemment. Il est pourtant peu probable que le plénum accouche de grandes réformes ou d’un plan de relance massif. Dans la bouche du dirigeant chinois, le mot «réforme» s’entend davantage au sens d’ajustements économiques plus que de grands bouleversements.
Le gouverneur de la banque centrale a admis par ailleurs récemment que l’économie chinoise était confrontée à des «défis», mais il a écarté l’idée d’un vaste plan de relance en faveur duquel plaident pourtant de nombreux économistes. Pékin s’est fixé un objectif de croissance autour de 5 % cette année, identique à celui de l’année passée mais plus difficile à atteindre compte tenu de la morosité ambiante des derniers mois.
«COMME LA MEDECINE CHINOISE»
«Notre prédiction est que toutes les mesures annoncées sur les principaux problèmes économiques de la Chine (de la stagnation de l’immobilier à la situation financière contrainte des gouvernements locaux) seront modérées et progressives, comme la médecine chinoise, par opposition à une thérapie de choc», pronostiquent les économistes de Natixis. Des mesures de soutien à la consommation pourraient être annoncées mais d’ampleur trop limitée pour véritablement changer la donne.
«Malgré la persistance de la crise du logement, l’économie chinoise a poussé un soupir de soulagement au premier semestre grâce aux exportations, qui ont elles-mêmes été stimulées par des forces de rééquilibrage et des mesures politiques liées à l’immobilier », estime Ting Lu, économiste chez Nomura.
Mais ce dernier de mettre en garde sur les mois à venir : «De nouveaux vents contraires semblent affecter l’économie, exerçant une pression à la baisse sur la croissance au deuxième semestre», indique Ting Lu, qui prévoit une hausse du PIB limitée à 4,2 % au deuxième semestre (contre 5 % sur les six premiers mois), «à moins que Pékin n’intensifie ses mesures de relance en accélérant considérablement les injections de fonds pour achever les maisons prévendues et encore inachevées».
Avec Les Echos