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Depuis 2007, l’Hôtel de ville de Kinshasa a vu défiler trois gouverneurs, chacun à sa manière tentant de relever les défis d’une capitale marquée par des années d’infrastructures défaillantes et des problèmes socio-économiques. Après le long mandat du très énergique André Kimbuta, qui a dominé la ville pendant 12 ans, Gentiny Ngobila a pris les rênes de la gouvernance urbaine de 2019 à 2024. Aujourd’hui, c’est Daniel Bumba qui a été intronisé Gouverneur de la ville de Kinshasa, avec la promesse de redresser la situation. Si le bilan des deux premiers gouverneurs laisse à désirer, Kinshasa étant toujours engluée dans une crise de gestion urbaine, Daniel Bumba semble conscient de l’ampleur de la tâche qui l’attend. Malgré ses promesses d’adopter une approche plus efficace pour dynamiser la ville et améliorer la vie des Kinois, ses premiers pas à la tête du gouvernement provincial soulèvent des interrogations.

En dix-huit ans d’existence de la Troisième République – l’âge humain de la majorité -, la ville de Kinshasa aura connu au moins trois gouverneurs urbains. En plus d’une dizaine d’années, l’exubérant André Kimbuta a régné sur la métropole congolaise. Plein de la bonhomie à la kinoise, et n’hésitant pas à manier l’«indoubill  (argot kinois)», même en présence du président Kabila qu’il présentait toujours comme le premier des «Bana Kin ! ».

«Le « Haut sommet » – son surnom dans le monde de la musique – a légué à sa ville le fameux «Couloir » qui porte son nom dans la commune de N’djili. Un lieu fortement déconseillé aux pratiquants de la vertu à l’état pur !

Puis vint le tour de l’ombrageux Gentiny Ngobila. Celui-là même qui se vanta un jour d’être parvenu à sortir la ville de la liste des 25 villes les plus sales du monde ! Ou encore, alors qu’il était sur le départ, déclarait que des montagnes d’immondices héritées de Kimbuta, il en avait juste laissé un tout petit peu ! C’est l’homme des campagnes «Kin Bopeto», «Zéro Trou», etc. Des initiatives sans lendemain qui étaient surtout destinées à pomper des fonds par des emprunts auprès des banques commerciales qui, à la longue, en ont eu ras-le-bol et ont verrouillé les robinets. C’était aussi, avec son homologue du Haut-Katanga Jacques Kyabula, l’un des ténors les plus tonitruants du Djalelo New Look.

Mais leur successeur ne semble pas abonné aux bonnes nouvelles malgré l’état de grâce qui court encore. Daniel Bumba, arrivé à la mairie de Kinshasa à la suite de sa «motivation» des députés provinciaux (avec de grosses cylindrées), se déclare déjà en détresse.

Selon lui, les caisses «sont vides » du fait de multiples saisies attributions ou conservatoires. Les créanciers, innombrables, ont sonné l’hallali, saignant à blanc les finances de la ville, et celle-ci doit en plus faire face à une quarantaine de procès qu’elle est quasiment assurée de perdre ! Ce dernier aspect étant favorisé par la complicité de certains magistrats, accuse-t-il, avec sans doute un clin d’œil en direction du ministre de la Justice qui, c’est notoire, ne porte pas dans son cœur des magistrats d’un corps malade !

La détresse du gouverneur de Kinshasa était prévisible. Bien avant lui, ses camarades du parti des combattants arrivés dans les instituions publiques ont toujours fait pâle figure, se comportant plus en «stagiaires » qu’en managers attitrés.

Lors de ses premières interventions, Bumba a évoqué l’importance de la coopération avec différents acteurs, notamment au niveau économique et social. Cependant, il fait face à un constat amer : la ville demeure souffrante, souvent perçue comme un «ghetto » par les habitants eux-mêmes. Les infrastructures sont vétustes, les routes en piteux état, et les services publics laissent beaucoup à désirer. Les défis de l’insalubrité, de la sécurité et de l’accès à l’eau potable sont plus présents que jamais.

Daniel Bumba devra donc démontrer sa capacité à transformer les promesses en actions concrètes pour restaurer la confiance des citoyens dans les institutions de la ville.

Pas de panique donc. Bumba aussi apprendra vite. Nul ne le jettera en pâture à la vindicte populaire, tant qu’il jouira d’un maître-soutien en très haut lieu.

MWIN M.F.

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