L’affaire peut sembler d’une banalité ennuyeuse mais elle vaut la peine que l’on s’y penche. En effet, il n’est pas courant qu’un ancien ministre condamné à 5 ans de prison recouvre enfin la liberté après avoir purgé intégralement sa peine. La libération du docteur Oly Ilunga, poursuivi et condamné en 2019 pour des faits de détournement de fonds destinés à la lutte contre l’épidémie de la fièvre hémorragique à virus Ebola, a quitté la terrible prison centrale de Makala ce lundi 10 septembre (il survécu au carnage du 1er septembre).
Au cours de sa détention, l’ancien ministre de la Santé sous Sammy Badibanga et Bruno Tshibala en a vu défiler, de »présumés » détourneurs de deniers publics qui, après un passage éclair en ces lieux pour faire diversion face à une opinion publique qui se montrait trop remuante, étaient blanchis et aussitôt acquittés par une justice donnée pour malade.
Vital Kamerhe, le plus emblématique d’entre eux, l’y a rejoint un an plus tard après sa condamnation à 20 ans de prison. Une peine qui sera réduite à 13 ans avant son acquittement pur et simple par justice. Il était accusé du détournement de 57 millions de dollars dans le désormais fameux dossier du Programme dit de 100 Jours.
La suite est archi-connue et continue d’alimenter épisodiquement la chronique.
Ses codétenus, dirigeants d’entreprises publiques (OVD, FONER) feront également un passage éclair en ces lieux avant d’être élargis dans un écran de fumée parfait. Puis vint l’un de ses successeurs en la personne du non moins docteur en médecine Eteni Longondo. Lui aussi accusé d’indélicatesse (c’est un euphémisme) dans la gestion des sommes considérables de la riposte contre la COVID-19. Mais heureusement pour lui, il était et reste l’un des piliers du parti présidentiel, l’UDPS. Trois semaines à peine auront suffi pour le rendre plus blanc que neige.
Plus près de nous, le sulfureux dénouement dans le rocambolesque dossier du détournement de centaines de milliers de dollars US dans l’installation des lampadaires et la réalisation de forages, impliquant notamment l’ancien ministre des Finances Nicolas Kazadi et consorts est la parfaite illustration du deux poids, deux mesures.
Les protagonistes de cette dernière affaire sont confortablement installés sous l’aile tutélaire du Magistrat suprême mettant en garde contre ceux qui jettent en pâture des pères de famille somme toute »honorables » (sic !).
Un message et une mise en garde sévère à l’encontre des férus des réseaux sociaux et des médias, ces horribles empêcheurs de détourner en rond. Mais aussi à tous ces esprits vindicatifs du fait de ne pas appartenir à la race des vainqueurs.
Mwin Murub Fel