Samedi de tout le danger au quartier général de l’UDPS, où les deux ailes opposées du parti présidentiel ont promis de se régler des comptes. D’un côté, il y a les frondeurs qui sont déterminées à installer le nouveau secrétaire général du parti, alors que de l’autre côté, il y a le camp qui jure fidélité à Augusin Kabuya, le secrétaire général en fonction.
La journée de ce samedi 7 septembre 2023 s’annonce explosive au siège de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) sur la 10ème Rue Limete à Kinshasa. Le camp du Secrétaire général intérimaire Deo Bizibu Balola désigné par une frange de la Convention démocratique du parti (CDP) a promis d’investir les lieux pour lui permettre enfin de s’adonner à diriger le parti présidentiel au cours des six mois à venir. Ses partisans trouveront face à eux les irréductibles soutiens d’Augustin Kabuya qui ne reconnaît pas l’investiture de son adversaire arrachée, selon lui, par des voies frauduleuses.
A moins d’une conciliation de dernière minute en attendant le retour de la « Haute Autorité de référence » et président du parti qui séjourne actuellement en Chine, la situation ne manquera d’être explosive, connaissant le radicalisme des uns et des autres.
GUERRE DES CLANS
L’un s’estime comme l’indéboulonnable Secrétaire général depuis doublé de la prestigieuse casquette de président intérimaire de l’UDPS avec, laisse-t-il volontiers croire, la bénédiction de la Haute Autorité de référence (le Chef de l’Etat, NDLR). Il est député national après avoir cédé son fauteuil au sénat et s’être désisté à la vice-présidence de l’Assemblée nationale. Il tient les rênes du parti en bunkérisant notamment le siège du parti présidentiel où il règne en maître absolu. Il se moque en outre de sa déchéance prononcée par la Convention démocratique du Parti qui lui reprochait des abus et des sorties médiatiques hasardeuses et un enrichissement injustifié. Lui, c’est Augustin Kabuya Tshilumba, qui s’est illustré par des déclarations qui parfois créent de l’embarras au sein du parti.
Le second, c’est Deo Bizibu Balola, jusqu’à il y a peu encore inconnu du grand public, en dépit de son poste de conseiller à la Présidence de la République. Il a été désigné par la Convention démocratique du parti (CDP), le 11 août au cours d’une séance marathon tenue au centre culturel Boboto dans la commune de la Gombe, loin du siège remuant de l’UDPS à Limete. Il est appelé à assurer la direction du parti à titre intérimaire pour une durée de six mois. Une élection aussitôt contestée par le camp Kabuya.
Il a annoncé son installation au siège du parti ce samedi 7 septembre, une perspective qui s’annonce explosive et qui risque de déboucher sur une situation d’instabilité du parti présidentiel, et sur des violences prévisibles. Au cours d’une matinée politique organisé le 1er septembre, Augustin Kabuya a en effet déclaré sur un ton dénué de toute équivoque: «Ils menacent de prendre la permanence de l’UDPS le 7 septembre; nous allons les attendre. L’histoire sera gravée […] Ceux qui étaient partis avec Tshibala, ceux qui étaient partis avec Mavungu et ceux qui sont chez Mubake ont formé une coalition pour déstabiliser la vraie UDPS. Ca ne marchera jamais».
Connaissant la fanatisation extrême de ceux qui lui restent fidèles et qui campent jour et nuit à la permanence du parti, il convient de reconnaître que ce ne sont pas des paroles en l’air.
UNE SÉRÉNITÉ PRÉCAIRE
Dans le camp Bizibu, on affecte d’afficher une certaine sérénité. Entre une visite au mausolée de feu Etienne Tshisekedi et la présentation de son programme devant la CDP, il a esquissé les grandes lignes son programme, déclarant qu’il avait pour priorité l’établissement d’une administration nationale du parti à travers ses différents services; l’identification de tous les membres et assurer la délivrance des cartes des membres du parti; l’identification de tous les biens.
«Nous allons pendant ces six mois veiller au paiement des 10% dûs au parti par les membres aux instances […] Nous allons vulgariser les réalisations du Chef de l’Etat et du gouvernement. Nous avons constaté que le chef a beaucoup fait. Par contre, au niveau de la communication, des actions du chef de l’état, il y a un grand déficit. Nous au niveau du parti, sa famille, nous devons faire ce travail là » a-t-il laissé entendre, insinuant par là que les réformes préconisées n’avaient jamais été la préoccupation de son tout-puissant «prédécesseur».
VEILLÉE D’ARMES A LA 10ème RUE
Nul doute que la nuit de vendredi à samedi verra une veillée d’armes où les inconditionnels «Kabuyistes» s’appliqueront à verrouiller les voies d’accès à leur permanence. C’est la pratique ordinaire à l’UDPS que lors des remous qui agitent de manière cyclique ce parti, des camps se forment et n’hésitent à transformer la 10ème Limete en champ de bataille dont les excès affectent la circulation sur le boulevard Lumumba et créent la psychose dans les familles riveraines.
Même si au moment où nous mettions sous presse, le camp des Izibu n’a pas manifesté son intention de l’installer de force, il n’en règne pas moins un climat d’incertitude qui ne doit certainement pas échappé aux services chargés d’assurer l’ordre public.