A la 11ème réunion hebdomadaire du conseil des ministres de vendredi 30 août, le chargé du Portefeuille a fait une proposition, avalisée sans difficulté par le Conseil. Une proposition qui laisse néanmoins dubitatif quant à son opportunité. Surtout, elle laisse croire que jusqu’à ce jour, les mandataires des entreprises et services publics étaient nommés sur base de considérations fumeuses allant du clanisme à la fidélité au Guide, en passant par le militantisme et l’appartenance à la race des seigneurs. Selon Jean-Lucien Bussa, « le recrutement des mandataires publics se fera désormais sur base d’un profil objectivement bien défini. Ne peut être nommé à ces fonctions que les personnes remplissant un certain nombre de critères proposés au gouvernement par le ministre du Portefeuille « . C’est-dire lui-même en personne. A l’en croire, ni le chef de l’Etat, ni la cheffe du gouvernement n’auront plus la latitude de nommer à la tête des entreprises étatiques selon leur pouvoir discrétionnaire. Encore moins les institutions de Bretton Woods dont la Banque mondiale qui a toujours préconisé un recrutement sur concours ! C’est également un pied de nez au secrétaire général de l’UDPS qui ne cache pas son pouvoir d’influencer les décisions de la « Haute Hiérarchie » dans la nomination non seulement des ministres et vice-ministres, mais aussi dans les quelques entreprises de l’Etat encore viables. Ces dernières ne se comptant plus que sur le bout des doigts d’une seule main, on réalise dans quel panier à crabes est allé se fourrer le ministre du Portefeuille en jetant aux orties la dimension politique des tenants du pouvoir et qui comptent le conserver à tout prix et à tous les niveaux, entreprises publiques comprises.
En voulant réinventer la roue et en s’arrogeant le pouvoir de nommer des mandataires publics selon des critères fixés par lui seul est un casus belli dont il est permis de douter qu’il en sortirait indemne politiquement. Avec son collègue du Commerce extérieur Julien Paluku, Jean-Lucien Bussa bat certes le record de longévité aux divers gouvernements qui se sont succédé après avoir survécu au FCC/Kabila, slalomant avec maestria entre les majorités au pouvoir successives. Peut-être cela l’a rendu téméraire au point d’engager un bras-de-fer avec l’ombrageuse machine de l’UDPS. Bussa semble avoir perdu de vue que les cabinets ministériels ne sont pas encore constitués trois mois après l’entre en fonction du gouvernement Suminwa. Il ferait œuvre utile en se posant la question.
Mwin Murub Fel