Luilu : un massacre de trop

Un périmètre minier exploité par des creuseurs artisanaux à Luilu, dans l’hinterland de Kolwezi (Lualaba), a été le théâtre, lundi 26 août 2024, d’un carnage.

Ce jour-là, une armada composée de policiers et de militaires armés débarquent sur les lieux en opération de déguerpissement forcé. Il est question d’installer les nouveaux concessionnaires chinois. Les centaines de creuseurs qui n’avaient pas été avertis osent protester bruyamment et c’est le carnage. Une vingtaine de morts sont laissés sur le carreau, sans compter de nombreux blessés.

A 1.800 kilomètres de là, dans la ville de Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo, l’affaire est banalisée comme c’est devenu coutumier. Les morts violentes de civils du fait de policiers et militaires sont devenues des banalités qui ne méritent pas que les autorités perdent leur temps précieux à déclencher des enquêtes et la poursuite des criminels en uniforme.

Hasard de calendrier ou non, la tuerie de Luilu est intervenue au moment où la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) exige des autorités davantage de lumière sur un autre massacre intervenu à Kilwa (Haut-Katanga), trois semaines plus tôt. Des adeptes désarmés d’une secte religieuse revenant d’une séance de prière ont aussitôt été assimilés aux Maï-Maï Bakata Katanga. Policiers et militaires ont ouvert le feu. Bilan : une quinzaine de morts.

Ce dernier cas rappelle le massacre des fidèles d’une organisation « Wazalendo » similaire à Goma, le 30 août 2023. Une cinquantaine de morts et des dizaines de blessés après l’intervention des militaires. Le gouverneur militaire et deux officiers supérieurs de la police seront rappelés à Kinshasa « pour consultation ».

Une année plus tard, circulez, il n’y a rien à dire ! Ou mieux, regardez, taisez-vous !

L’espace manque pour énumérer les tueries quasi-quotidiennes imputées aux forces de l’ordre. Les autorités faisant montre d’un certain réalisme évoquent alors des « bavures » policières, tandis que les plus fanatiques mettent en cause de faux policiers et des « cas isolés ».

Il n’empêche que les situations tragiques enregistrées au jour le jour dans la partie méridionale du pays ne manquent d’interroger. L’impunité dont jouissent les officiers des forces de l’ordre et leurs subordonnés n’est pas loin de faire croire à un mécanisme planifié dans des officines secrètes pour des raisons qui restent à élucider.

Un principe de physique enseigne qu’à chaque action correspond une réaction de même amplitude. Les dirigeants qui font mine d’ignorer cette sentence le découvriront tôt ou tard à leurs dépens.
Autant étouffer l’initiative dans l’œuf en extirpant le mal, sans compromission.

Mwin Murub Fel

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