La riposte, inévitable et peut-être imminente, de l’Iran à l’élimination mercredi matin sur son sol de son allié chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, sera-t-elle en deçà ou au-dessus du seuil de nature à déclencher une guerre entre Téhéran et Israël ? Avec dans ce cas un risque élevé d’implication d’autres acteurs régionaux ou des Etats-Unis et un embrasement possible du Moyen Orient …
C’est la question clé posée ce matin, alors que se déroulaient les funérailles à Téhéran d’Ismaïl Haniyeh, avec appels à la vengeance et discours du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei. Le président du Parlement iranien, Mohammad Bagher Ghalibaf, a estimé que la riposte aurait lieu «au bon endroit et au bon moment». Selon le «New York Times» citant trois responsables iraniens non identifiés, l’ayatollah Khamenei a, lors d’une réunion d’urgence du Conseil suprême de sécurité nationale mercredi soir, donné l’ordre de frapper directement Israël. De même source, les sites visés seraient exclusivement militaires, autour de Tel Aviv et Haïfa.
Une rencontre était prévue, jeudi après-midi à Téhéran, entre des dirigeants iraniens et des représentants des mouvements que l’Iran soutient au Liban, en Irak et au Yémen afin de discuter d’une riposte coordonnée.
WASHINGTON APPELLE AU CALME
Si la prochaine riposte iranienne, sans doute dans le même style que la salve de 370 missiles et drones tirée, pour la première fois, le 13 avril dernier en représailles à l’élimination de deux généraux iraniens en Syrie, s’avérait très meurtrière, il est probable qu’Israël se sentirait tenu de répliquer à hauteur, avec alors un risque d’escalade incontrôlable. Toutefois, une guerre entre Israël et l’Iran aurait une composante aérienne mais sans doute pas terrestre, puisque les deux pays n’ont aucune frontière commune, la géographie interposant l’Irak et l’Arabie saoudite. «Le Moyen-Orient est sur la voie de la multiplication des conflits, de la violence, de la souffrance», a reconnu mercredi soir le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken.
Afin sans doute de ne pas braquer ses interlocuteurs régionaux, la Maison Blanche (qui a appelé ses ressortissants à éviter de se rendre au Liban) a concédé que les éliminations ciblées à Téhéran et Beyrouth «n’aident pas» à faire baisser les tensions dans la région», ajoutant toutefois ne pas voir «de signes qu’une escalade soit imminente».
PEU DE MEDIATIONS REGIONALES OFFICIELLES
De la Turquie à la Syrie en passant par la Jordanie, l’Egypte, l’Irak ou Oman, la plupart des pays du Moyen Orient ont condamné, mercredi, l’élimination du chef du Hamas, mais rien n’indiquait, ce jeudi, que leurs diplomates soient lancés dans des tentatives de médiation entre l’Iran et Israël pour éviter tout dérapage. De son côté, le Brésil, qui préside le G20 et entretient des relations difficiles avec Israël (son président, Lula da Silva est «persona non grata» à Jérusalem) a appelé à empêcher que le Moyen-Orient «n’entre dans un conflit de grandes dimensions et aux conséquences imprévisibles» et rejeté «la violation flagrante de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Iran, en violation claire des principes de la Charte des Nations unies».
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, doit prononcer jeudi après-midi un discours par visioconférence après les funérailles d’un de ses commandants, Fouad Chokr, tué mardi soir et accusé par Israël d’être responsable d’une frappe qui a tué douze jeunes Druzes le 27 juillet sur le Golan syrien occupé par Israël.
Avec Les Echos