Première femme à accéder à la prestigieuse fonction de Premier ministre, Judith Suminwa Tuluka a l’obligation de réussir. En lui confiant les commandes du Gouvernement de son deuxième quinquennat, le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, a misé gros. Il y a cependant des pesanteurs politiques qui risquent d’obstruer le chemin de Mme la Première ministre. A l’investiture de son Gouvernement, c’est une femme, en l’occurrence Jeannette Kavira, élue nationale de la majorité parlementaire, qui le lui a rappelé : « Excellence Mme la Première ministre, soyez stricte, je sais que le Chef de l’État vous appuiera, je sais qu’il va vous soutenir car il veut aussi réussir ce quinquennat. N’hésitez pas, moi je vous conseillerais, si vous voyez vraiment que vous êtes écrasée, il faut démissionner parce que ça sera encore l’histoire de la femme ». Mme la Première ministre était donc prévenue. Une semaine après l’investiture du Gouvernement, le premier couac est apparu, marqué par la démission-surprise de Mme Stéphanie Mbombo, ministre déléguée à l’Environnement. Est-ce le fait de la prophétie de Jeannette Kavira ? Difficile à dire.
La nomination de Judith Suminwa Tuluka en tant que première femme Premier ministre en République Démocratique du Congo a suscité de grands espoirs et attentes. Ayant pris les rênes du gouvernement lors du deuxième mandat du président Félix Tshisekedi, elle a la lourde tâche de réussir là où ses prédécesseurs ont échoué.
Cependant, dès le début de son mandat, des obstacles se dressent sur son chemin. Lors de l’investiture de son gouvernement, Jeannette Kavira, députée nationale, lui a rappelé l’importance de faire preuve de rigueur et d’efficacité. Elle l’a avertie que si elle se sentait dépassée, il valait mieux démissionner pour éviter que cela devienne une histoire de plus où une femme est mise en difficulté.
«Et si vous démissionnez, ça sera parce que notre famille politique aura voulu que vous vous comportiez différemment à vos valeurs. Je sais que le Kongo Central produit toujours des gens avec des valeurs très élevées. N’allez pas vous compromettre dans ça, c’est vous qui serez redevable devant ce parlement et devant ma nation », lui a-t-elle lancé.
Une semaine après le début de sa prise de fonction, la première ministre a été confrontée à sa première démission, celle de Stéphanie Mbombo, ministre déléguée à l’Environnement. Cette démission a soulevé des questions sur la capacité de Judith Suminwa Tuluka à mener son gouvernement avec succès.
LE PREMIER COUAC
La démission-surprise de la ministre déléguée à l’Environnement, moins d’une semaine après l’investiture du gouvernement Suminwa a suscité une vague de spéculations et supputations, d’autant plus que la raison invoquée par la concernée, celle de «convenance personnelle», est loin d’emporter l’assentiment des observateurs coutumiers de la conduite des affaires de l’Etat. Le doute est renforcé par le fait que Stéphanie Mbombo revenait d’une mission officielle au Congo-Brazzaville où elle a remis une lettre officielle de Félix Tshisekedi à son homologue Denis Sassou Ngueso. La mission s’inscrivant dans le cadre du mécanisme du Fonds Bleu du Bassin du Congo.
Sa démission – un fait rarissime en RDC – autorise des interrogations sur la conduite de l’Exécutif par la Première ministre Suminwa qui, d’emblée, semble perdre les rennes du pouvoir, à moins qu’elle ne soit elle-même à la base d’une décision musclée en mode d’avertissement aux uns et aux autres.
EST-CE UN MAUVAIS DEPART ?
Le gouvernement Suminwa Tuluka serait-il parti sur des bases viciées ? Ou l’ancienne ministre du Plan serait tombée dans un milieu politique dont elle ne maîtriserait pas les tenants et les aboutissants, au regard des turbulences qui entachent un début de mandat franchement chaotique à certains égards.
A peine nommée, la première cheffe de l’Exécutif depuis l’indépendance est confrontée à une double situation inédite. Une ministre déléguée démissionne « pour raisons de convenance personnelle » après une mission officielle à l’étranger. Et comme si cela ne suffisait pas, le Secrétaire général d l’UDPS enjoint aux ministres issus du parti présidentiel d’attendre la constitution de leurs cabinets par la transmission par ses soins des listes des «recommandés» du parti.
Les deux incidents-événements, quoique n’ayant pas une connexion évidente, n’en comportent pas une charge négative à la charge de la cheffe du gouvernement. Ils ne sont pas non plus sans rappeler l’avertissement lancé du haut de la tribune de l’Assemblée nationale par la députée Jeannette Kavira dont les prédications sont en passe de se réaliser.
L’on se rappelle que lors de la plénière consacrée à l’audition et de l’investiture du gouvernement, l’élue de Beni avait mis en garde la Première ministre contre les stratégies arrêtées en secret ou supposées telles imputées à la hiérarchie de l’UDPS.
Dans une salle des congrès tétanisée, Jeannette Kavira avait exhorté Judith Suminwa à se méfier de ses ministres issus de son propre parti (UDPS).
«Ne vous laissez pas noyer», avait-elle averti, craignant que les propres ministres du Gouvernement Suminwa constituent la pierre d’achoppement de son échec.
Il est clair que Mme la Première ministre doit faire face à de nombreux défis et à des attentes élevées. Elle doit prouver qu’elle est capable de diriger efficacement son gouvernement et de surmonter les obstacles qui se présenteront à elle. Sa réussite ou son échec aura un impact non seulement sur son propre destin, mais aussi sur l’image des femmes en politique en RD Congo. Il est donc crucial pour elle de faire preuve de leadership, de détermination et de compétence pour réussir dans cette fonction historique.
Econews