Pour le ministre des Finances, Nicolas Kazadi Kadima-Nzuji, la « création des postes incontrôlés » depuis 2019 a sensiblement augmenté la masse salariale, réduisant les marges de manœuvre du Gouvernement à honorer son engagement de la paie régulière des salaires des agents et fonctionnaires de l’Etat. De l’avis de l’argentier national, la création, sans programmation réelle, de divers services et établissements publics, tous greffés au budget de l’Etat, aura été une décision irréfléchie qui a fait exploser la masse salariale sans que les recettes ne suivent le même rythme. Intervenant jeudi sur les ondes de la radio Top Congo, Nicolas Kazadi n’a pas caché son désarroi : « Quand on regarde par rapport à 2019, nous avons multiplié l’enveloppe de rémunération par 4. La norme est que la partie rémunération du budget ne dépasse pas 40%. Nous avons connu ça à un moment donné parce qu’il y a beaucoup de mauvaises habitudes, beaucoup de laisser-aller, beaucoup de création de postes incontrôlés… ». Au-delà la grogne qui gagne la Fonction publique, Nicolas Kazadi a également abordé d’autres sujets d’actualité, notamment les relations avec le FMI, les investissements publics, etc. Il répond aux questions de Christian Lusakueno, patron de Top Congo FM.
Christian Lusakueno : La RDC va bientôt recevoir une mission du FMI pour la sixième revue du programme triennal. C’est la première fois que notre pays atteint ce niveau de contrôle sans anicroche avec le gendarme financier international. C’est aussi la première fois qu’on envisage à terme un programme soutenu financièrement par le FMI. D’abord, une réaction ?
Nicolas Kazadi : Oui, sans anicroche, oui et non. Parce que ce n’est pas de tout repos qu’on est arrivé à la sixième revue. Nous avons connu des moments intenses avec des hauts et des bas, des risques importants. Parce que, comme vous le savez, être constant dans l’effort n’est pas dans l’habitude de gestion en République Démocratique du Congo.
C’est la raison pour laquelle c’est la première fois qu’on arrive à dépasser la quatrième revue, à valider la cinquième revue et enfin à nous engager dans la sixième revue. Cela nous enseigne sur la nécessité d’être constant dans l’effort. Et quand on dit effort, on parle tout simplement d’un minimum de rigueur, de respecter certains principes élémentaires de gestion. Et c’est là tout l’intérêt du programme avec le FMI.
Il était prévu 1,5 milliard de dollars en trois ans, sur trois axes : Budget, augmentation des recettes, renforcement du cadre monétaire, amélioration de la gouvernance, de la transparence économique et de la lutte contre la corruption.
On a vraiment fait des efforts dans ces domaines ? Oui, beaucoup d’efforts. Nous avons eu au total 1,25 milliard de dollars d’appui à la balance des paiements, donc pour consolider nos réserves.
Mais nous avons également eu environ 1,5 milliard de dollars d’appui budgétaire, dont la moitié issu du FMI et l’autre moitié issu de la Banque mondiale.
C’est important de noter que c’est la première fois que l’on renoue avec les appuis budgétaires après plus de 15 ans d’interruption. Tout cela, c’est le signe d’une confiance retrouvée, ou du moins en train d’être retrouvée, et c’est quelque chose que nous devons absolument consolider.
Le responsable du FMI disait il y a trois ans que c’est un effet signal pour montrer que le gouvernement s’inscrit dans un programme de réforme, je le cite, « pour assurer une stabilité financière avec de meilleures perspectives économiques et de croissance à long terme, mais aussi attirer des investisseurs nationaux et internationaux. Pensez-vous qu’on aura avec cette sixième revue la possibilité d’un nouveau programme, la possibilité des conditions financières plus souples, d’un bon élève qui pourra proposer une politique nationale pour la balance des paiements, un programme que les gouvernements de l’époque, Kengo et Matata, n’avaient pas obtenu ?
Oui, absolument. Et s’ils n’ont pas pu l’obtenir, c’est justement par ce manque de continuité dans l’effort, dans ce qu’on a appelé la rigueur, mais ce n’est pas une rigueur au sens péjoratif du terme, parce que rien de grand, rien de beau ne s’obtient sans effort. Et aujourd’hui que nous sommes à la fin de ce programme, nous pouvons en compter les bienfaits. Je viens de donner quelques chiffres en appui budgétaire et en appui à la balance des paiements, mais il y a aussi les appuis aux projets qui se sont accrus de près de 5 milliards de dollars.
Ce sont des projets dont la grande majorité a été affectée aux grandes infrastructures. Notre plus grand défi sur le plan de l’économie réelle, ce sont les infrastructures, c’est la logistique. Nous aurons d’ici deux ou trois ans la possibilité de relier l’Ouest du pays à l’Est, parce que comme vous le savez, d’ici peu, Tshikapa sera relié à Kananga au courant de cette année. Kananga – Mbuji-Mayi va démarrer d’ici quelques semaines. Nous avons également Mbuji-Mayi – Bukavu qui va démarrer.
Un peu plus loin, nous avons Kisangani -Beni qui a déjà démarré. Nous avons aussi d’autres grandes voies qui vont ouvrir le pays et apporter une grande transformation économique.
Ça, c’est ce que nous avons déjà obtenu. Maintenant, pour la période qui vient, nous sommes au moment où nous parlons en train de négocier un double appui budgétaire d’au moins un milliard au total, peut-être plus, qui sera délivré en deux phases, un premier appui en juin-juillet 2024 et un autre en décembre 2024 – janvier 2025. Ces appuis budgétaires sont assortis à des conditions de réforme.
Nous devons poursuivre nos réformes, et nous sommes en train d’y travailler d’arrache-pied avec la Banque mondiale. Ce sont des éléments importants.
En plus de l’appui budgétaire de la Banque mondiale, nous avons la possibilité d’accéder au fonds pour la résilience et la soutenabilité du FMI. Et pour ce programme-là, nous pouvons nous attendre à au moins un milliard de dollars qui viendront en appui budgétaire et qui nous permettront de poursuivre avec le PDL- 145 T pour construire des infrastructures plus résilientes dans nos différents territoires.
Voilà quelques grands enjeux, et en plus d’autres que je n’ai pas le temps de citer ici malheureusement.
Vous avez beaucoup parlé d’infrastructures, mais le gros problème de la RDC c’est la production. Alors est-ce que le fait de réussir six revues, d’avoir un nouveau programme, vous aide à atteindre cet objectif car le vrai but du FMI, c’est d’attirer des investisseurs nouveaux, l’ouverture à d’autres bailleurs et acteurs bilatéraux, pour utiliser le terme consacré. Mais en termes de production, en termes d’augmentation de la production nationale, est-ce que vous avez des objectifs particuliers ?
Absolument, il y a un grand programme de développement industriel qui est conduit par le ministre de l’Industrie avec le développement de Zones économiques spéciales, dont une a déjà démarré ici à l’Est de la capitale avec la production de carreaux. Une deuxième est en cours de développement et va se concentrer sur l’agro-industrie, la transformation du bois et autres. Donc, c’est vraiment ce qui est à l’ordre du jour.
Et nous avons un grand retard à rattraper. Mais il est clair qu’on ne peut pas aller très vite dans le développement de la production, s’il n’y a pas les pré-requis en termes d’infrastructures, en termes d’accès à l’énergie.
Voilà pourquoi il est important de consacrer ces ressources complémentaires, celles des partenaires et celles issues de l’accroissement de nos ressources propres, pour accélérer l’investissement.
Il faut investir pour produire. On ne produit pas sans investir.
Vous avez certes réalisé de très belles performances, mais à contrario, en République Démocratique du Congo, pourquoi cela doit être ou doit avoir comme conséquence tant de plaintes, retards de paiement, notamment les salaires, des dossiers comme la Francophonie ? On vous montre beaucoup du doigt comme celui qui ne veut rien payer à personne.
Ce qui est assez curieux, Christian, c’est qu’en même temps je suis montré du doigt comme le monsieur qui bloque tout, mais en même temps on me reproche de faire des paiements en procédure d’urgence, de faire des déficits budgétaires. Finalement il faut savoir ce que l’on veut. La vérité est que oui, nous avons eu des performances exceptionnelles en termes d’accroissement de nos possibilités, de nos marges budgétaires, mais en même temps nous sommes engagés depuis 2019 dans un élan de relance, de réhabilitation de notre pays.
Je vous ai parlé des grandes infrastructures, je peux vous parler de la gratuité de l’éducation, je peux vous parler de la gratuité de la santé, et je peux vous parler des différentes augmentations de salaires qui ont été faites qui sont de loin et de très loin supérieures à l’augmentation, à l’inflation pour la même période des cinq dernières années. Donc il y a eu un gain de pouvoir d’achat par rapport au salaire, il y a eu un accroissement du nombre d’agents publics, et tout cela c’est des éléments qui peut-être vont un peu trop vite et qui occasionnent des pressions sur la trésorerie.
Vous savez que nous avons également dû faire face aux élections, qui ont été entièrement financées par nos ressources budgétaires. Nous avons dû faire face aux effets de la crise, de différentes crises, des subventions pétrolières et autres. Nous avons dû faire face également à un conflit qui perdure et qui coûte de plus en plus cher.
Nous sommes engagés depuis quelques années dans cette programmation militaire, la loi de programmation militaire. La loi qui veut qu’on investisse un minimum d’un milliard de dollar pour renforcer, restructurer nos forces armées. C’est autant de défis qui n’étaient pas à l’ordre du jour dans la période qui a précédé l’avènement du président Tshisekedi, mais qui sont aujourd’hui au cœur de son action pour réellement transformer le pays, pour arriver à le pacifier durablement.
Cela ne répond pas à la question de ces fonctionnaires qui ne voient pas leurs salaires payés. À quand le paiement de ces salaires et au retour de la régularité de ces paiements ? On parle aussi beaucoup de l’installation des institutions. L’Assemblée nationale se plaint de ne pas avoir de frais de fonctionnement. À quand le retour à tous ces paiements pour une marche normale des institutions ?
C’est une très bonne question et je peux vous dire en toute franchise qu’au moment où nous parlons, nous faisons un peu le bilan de ces dernières années au sein du gouvernement et nous sommes tous d’avis qu’il faut plus de crédibilité, plus de capacité budgétaire.
Nous avons vu accroître le volume, disons l’enveloppe des rémunérations, un peu plus vite que prévu ou un peu plus fort que prévu.
Et aujourd’hui, quand on regarde par rapport à 2019, nous avons multiplié l’enveloppe de rémunération par 4. La norme est que la partie rémunération du budget ne dépasse pas 40%. Elle sera autour de 35%. Nous avons connu ça à un moment donné. Très vite, parce qu’il y a beaucoup de mauvaises habitudes, beaucoup de laisser-aller, beaucoup de création de postes incontrôlés. Eh bien, on arrive à gonfler la masse salariale sans pouvoir la contrôler. Raison pour laquelle nous nous sommes engagés aujourd’hui à produire une politique de rémunération claire et une politique de recrutement claire. Ces deux éléments devraient nous permettre de mieux gérer la masse salariale et aussi d’améliorer les conditions de salaire, plutôt que de laisser des salaires minimes et compenser avec une politique de prime qui, elle, n’est pas égalitaire.
Elle est tout à fait inégalitaire parce qu’il y en a qui en profitent beaucoup plus que d’autres et cela devient un problème.
Quand le paiement de ces salaires, ce mois-ci, ne sont pas encore payés, vous savez rassurer les uns et les autres qu’ils seront payés un jour ?
Oui, absolument. Nous avons connu le premier trimestre, le trimestre le plus difficile de l’année sur le plan de la trésorerie. Et nous avons, en plus, connu des dépenses sécuritaires exceptionnelles en janvier et février derniers. C’est cela qui a fait un glissement dans la paie des salaires.
Mais nous sommes en train d’achever la paie du mois de mars. C’est dire que les choses vont revenir à la normale dès la fin du mois d’avril.
Ce sont des situations qui sont arrivées de temps en temps mais qui ne sont pas systématiques. Il y a de longues périodes dans l’année où il n’y a pas de moindre décalage. Et ce décalage, il est fait parce que justement nous ne voulons pas revenir à la planche à billets.
Nous ne voulons payer qu’en fonction des ressources réellement mobilisées. Mais quand les ressources budgétaires sont considérablement absorbées par l’enveloppe salariale, cela freine les autres éléments de dépenses et nous gérons ces réalités en fonction de ces contraintes. C’est cela qui conduit parfois à des glissements.
Pas de planche à billets pour faire plaisir au FMI et à la Banque mondiale…
Non, pas de planche à billets pour nous préserver nous-mêmes. Déjà l’année passée, pour des raisons extérieures, on a eu une inflation assez forte, une dépréciation de la monnaie assez forte.
Si, en plus on s’offrait la planche à billets, on aurait un dérapage insupportable. Donc c’est dans l’intérêt du Congo et des Congolais qu’on refuse de recourir à la planche à billets.
Mais nous avons néanmoins une capacité d’aller sur les marchés pour lever des fonds. Nous avons un marché financier qui est en train de se développer. Nous levons des obligations et des bons du trésor.
Cela permet de compenser, tant soit peu, nos besoins de trésorerie, mais pas toujours suffisamment.
Et cela fait plaisir aux institutions de Bretton Woods, FMI et Banque mondiale. A ce propos, le maréchal Mobutu disait qu’on ne mange pas la rigueur. Récemment même, l’ancien ministre du Plan, Christian Mwando, sur Top Congo FM, en saluant le choix de Judith Suminwa comme Premier ministre, a lancé une mise en garde contre certains ministres, dont celui de l’Intérieur, de la Justice et des Finances.
Oui, quand Mobutu disait qu’on ne mange pas la rigueur, il y avait une teinte de démagogie, mais on peut le comprendre.
Ce qui est sûr, c’est que la rigueur a pris une connotation négative, péjorative, au fil du temps. Mais on n’arrive à rien sans rigueur. On n’arrive pas à se former sans rigueur, on n’arrive pas à travailler sans rigueur, on n’arrive pas à des résultats sans rigueur. Donc, la rigueur, c’est une obligation liée à toute vie sur la Terre.
Maintenant, pour ce qui est des commentaires du ministre Mwando, je n’ai pas beaucoup de choses à dire. Le ministre Mwando, quel était son état d’esprit, quel était son message ?
Lui, qui n’a même pas été capable de reconnaître la défaite de son mentor, défaite éclatante aux élections de décembre dernier, subitement, il commence à faire des éloges pour le choix du président qu’il conteste. Donc, c’est plutôt suspect comme attitude, venant d’un opposant déclaré. Maintenant, pour le reste, je ne sais pas, il a été ministre au gouvernement. Je ne sais pas quel est le souvenir qu’on a de son action. Moi, j’ai travaillé, je peux parler de mes résultats aujourd’hui, demain, après-demain. Et je sais ce qu’il reste à faire par rapport à mon secteur. Il voulait surtout, je pense, parler du contrôle qu’aura le Premier ministre, sur ses ministres, pour ne pas parler que des Finances.
Beaucoup disent de vous que vous êtes l’électron libre qui ne répond qu’au Président de la République. Elle prendrait donc, on parle de Judith Suminwa, des risques, parce que vous ne collaborerez pas normalement avec la hiérarchie ?
Ça voudrait dire que, pour lui, le Premier ministre doit aller en opposition avec le président de la République.
Nous sommes tous nommés par le Chef de l’État. Nous travaillons tous dans le même esprit. J’ai eu les meilleures relations avec le Premier ministre, Sama Lukonde et je ne vois pas de quoi il veut parler. S’il faut le lui apprendre, il faut savoir qu’il y a des postes qu’on appelle des postes régaliens, et le mot régalien, par sa racine, fait référence au roi.
Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle poste régalien, il y en a qui disent même poste réservé. Mais cela dit, cela se fait dans le cadre de la discipline gouvernementale. Et il y a un Chef de l’État, il y a aussi le chef d’orchestre au gouvernement qui s’appelle un capitaine, qui s’appelle le Premier ministre. Nous avons travaillé dans d’excellentes conditions avec le Premier ministre Sama et nous partageons tous les bons résultats que moi j’ai pu produire au niveau du ministère des Finances grâce à son appui, grâce à sa collaboration, sous l’autorité du Président de la République.
Parlons encore du FMI et Banque mondiale. Beaucoup disent à raison ou à tort que les institutions de Bretton Woods n’ont jamais aidé à développer un pays. Pourquoi se serrer autant la ceinture ? Est-ce pour leur faire plaisir ? Et pour quels dividendes ?
Non, le problème est mal posé. D’abord, le FMI et la Banque mondiale ne sont pas là pour développer les pays. Certainement pas. Ils sont là pour aider les pays qui veulent se développer à se développer. Et il faut que chaque pays se fasse sa leçon, se fasse sa religion pour comprendre comment utiliser ces institutions pour progresser et se développer. Tous les pays qui ont su le faire ont connu des progrès faramineux.
Et il arrive un moment donné où ils prennent plus d’indépendance, plus d’aisance, parce qu’ils sont forts. Ce n’est pas encore notre cas. Nous avons de gros potentiels, mais nous sommes encore faibles économiquement. Et l’appui de ces institutions est de taille.
Je viens de parler des appuis budgétaires, etc. Ce n’est pas pour nous faire serrer la ceinture. Au contraire, c’est pour nous aider à relever les défis sur le plan du capital humain, des dépenses sociales, de l’investissement, la protection de l’environnement. Voilà à quoi servent ces ressources. Donc, c’est un problème qui est mal posé.
Monsieur le ministre, l’autre problème évoqué dans votre secteur est la délivrance des plaques d’immatriculation. On parle notamment d’un mauvais fonctionnement du nouveau système de demande en ligne qui aurait été fait avec une certaine précipitation ou pour une autre raison. Est-ce que la DGI était prête à ouvrir ce système ?
Oui, mais permettez-moi. Je voudrais revenir sur un point parce qu’on a parlé des dépenses tout à l’heure lorsque vous dites qu’on est là pour faire des restrictions. Vous avez parlé de la Francophonie. Vous savez qu’on a eu à le dire à plusieurs reprises que le budget initial pour la Francophonie était de l’ordre de 70 millions de dollars ou 80 millions à dépenser sur deux années.
On est passé à plus de 300 millions de dollars. Et donc, imaginez-vous bien que ces 300 millions de dollars n’étaient pas dans le budget. Donc, ils sont pris quelque part. Et lorsqu’on prend cet argent quelque part, ça veut dire qu’il y a d’autres dépenses qui ne sont pas effectuées. Et ça, ce n’est pas tellement difficile à comprendre. C’est ce type de situation qui crée parfois des perturbations dans la gestion de la trésorerie. Et cette gestion de la trésorerie, elle est conduite avant tout par les priorités.
Le budget qui est le cadre, fixe les priorités qui peuvent changer en fonction des données. Voilà de ce dont il s’agit.
Alors maintenant, pour les plaques d’immatriculation, vous savez très bien que ça fait longtemps que nos plaques sont devenues obsolètes et qu’elles sont aujourd’hui totalement insécurisées. Elles n’offrent aucune garantie de sécurité. D’ailleurs, elles sont vendues sur le site Alibaba. Et on peut les acquérir dans le monde entier.
Et aujourd’hui, il y a un trafic de nos plaques dans les différents postes frontières des pays limitrophes. Et ça, c’est un vrai problème. Donc, ce que nous faisons ici est salvateur. Nous avons notifié les entreprises qui vont désormais vendre les plaques. Elles sont en train d’amener leurs équipements. Mais comme vous le savez également, pendant toutes ces dernières années, on n’avait pas de certificat d’immatriculation, des cartes qu’on appelle cartes roses ou cartes grises. Nous avons commencé par ce certificat d’immatriculation qui, aujourd’hui, doit être fait en ligne pour éviter la fraude et mieux contrôler les numéros de plaques qui vont être octroyés et les propriétaires de ces véhicules.
Ce nouveau système a l’avantage de se référer à un identifiant fiscal unique qu’on appelle le NIF. A l’occasion de ce nouveau système, on s’est rendu compte que les gens qui remplissaient leur formulaire manuellement mettaient n’importe quel numéro d’identifiant fiscal. Ils empruntaient des numéros d’autrui. Et donc, on ne savait pas retracer fiscalement les propriétaires des véhicules. Alors que l’objectif, dans le cadre de la digitalisation que nous avons mise en place, et qui m’a valu récemment d’ailleurs une récompense de l’Agence Nationale du Numérique, c’est justement de faire en sorte que chaque contribuable soit retracé. Et donc, comme beaucoup de gens ont tendance à ne pas aimer la facilité, ils estimaient que le fait que leur demande était rejetée en ligne était le signe d’un dysfonctionnement du système.
Au moment où nous parlons, les gens ont compris qu’il faut valider son numéro d’identifiant fiscal, il faut le créer, et ça marche plutôt bien parce que nous sommes aujourd’hui à une moyenne de 100 plaques par jour, alors qu’on prévoit d’arriver à 150 en rythme de croisière.