Un audio, enregistré sûrement à son insu, a suffi pour que l’ancien ministre du Tourisme, fraîchement élu député national dans le territoire de Muanda (province du Kongo Central), soit interpellé, puis jeté en prison. Modero Nsimba, parce que c’est de lui qu’il s’agit, vit à ses dépens le changement de narratif d’un pouvoir qui a décidé de traquer tous ceux qui s’opposent à sa gouvernance ou ses méthodes. Si Modero Nsimba, député national de son état, est jeté en prison de la plus vile manière, qu’en sera-t-il du peuple d’en bas qui ne jouit d’aucune immunité de fonction ?
Un enregistrement audio clandestin a suffi pour précipiter l’arrestation de l’ancien ministre du Tourisme, désormais député national dans le territoire de Muanda, Modero Nsimba. Ce dernier a été incarcéré par la justice, suite à ce qui semble être un changement radical dans la politique du pouvoir en place, visant à réprimer toute forme d’opposition ou de critique.
Aux dernières nouvelles, on apprend que l’élu de Muanda a été assigné à résidence et est comparu jeudi en «procédure de flagrance » devant la Cour de cassation.
Selon Kombe Kalala, juge à la Cour de cassation, cité par la radio Top Congo Fm, Modero Nsimba est poursuivi pour «imputation dommageable et propagation de faux bruits », sur la base d’un audio dans lequel il faisait part, estime la Cour, de «graves affirmations» sur le décès de Chérubin Okende.
La chute de Modero Nsimba, élu démocratiquement député national, soulève des questions sur le sort du peuple d’en bas qui ne bénéficie d’aucune immunité de fonction. Avec le rétablissement de la peine de mort sous le deuxième et dernier mandat du Président Félix Tshisekedi, aucun individu critiquant le gouvernement ne sera épargné. La justice, bien que qualifiée de «malade» par le Chef de l’État, décidera du degré de «traîtrise» de chaque individu, ouvrant ainsi la voie à une répression généralisée.
Modero Nsimba n’est que la première victime d’une série dont la liste qui promet d’être longue. Il est clair que de nombreux autres pourraient subir le même sort à l’avenir. Cette récente série d’événements soulève des inquiétudes quant à l’état de la démocratie et des droits de l’homme en République Démocratique du Congo, alors que la répression semble s’intensifier sous le nouveau mandat présidentiel.
Les observateurs politiques et les défenseurs des droits de l’homme s’inquiètent de la tendance croissante à réprimer l’opposition et à museler la dissidence. La société civile et la communauté internationale sont appelées à rester vigilantes face à ces développements inquiétants, afin de garantir le respect des droits fondamentaux de tous les citoyens.
Un parcours politique mouvementé
Depuis sa nomination au poste de ministre du Tourisme dans le Gouvernement Sama I, Modero Nsimba a navigué dans les eaux tumultueuses de la politique congolaise. Son parcours politique a été marqué par des alliances changeantes et des décisions audacieuses qui ont façonné sa carrière.
Modero Nsimba, autrefois membre éminent de la «Kabilie», a récemment fait le choix surprenant de rejoindre l’Union sacrée de la nation. Cette décision stratégique a été prise après la rupture de la coalition FCC-CACH, qui a entraîné une séparation publique entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila, son prédécesseur.
Après les élections législatives nationales du 20 décembre 2023, Modero Nsimba a été repêché comme député national du territoire de Muanda, dans la province du Kongo Central, par la Cour constitutionnelle. Cette victoire électorale a renforcé sa position au sein de la scène politique congolaise, lui offrant une plateforme pour défendre ses idéaux et ses convictions.
Cependant, la politique congolaise est connue pour ses intrigues et ses revirements soudains. Récemment, Modero Nsimba a pris la décision courageuse de servir le pouvoir de Félix Tshisekedi, tournant ainsi le dos à Joseph Kabila.
Le destin de Modero Nsimba reste incertain, alors qu’il continue de naviguer dans les eaux troubles de la politique congolaise. Son histoire souligne les défis et les dilemmes auxquels sont confrontés les acteurs politiques dans un pays en proie à des luttes de pouvoir complexes et à des rivalités politiques profondes.
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