La Cour internationale de justice examine une plainte accusant Israël de «génocide» à Gaza

L’Afrique du Sud et Israël se sont affrontés jeudi devant la Cour internationale de justice (CIJ) alors que Pretoria accuse l’État hébreu d’«actes génocidaires» à Gaza. Des accusations «atroces» et «absurdes», selon le président israélien, Isaac Herzog. Pretoria a saisi en urgence la plus haute juridiction des Nations unies, qui siège à La Haye, pour qu’elle enjoigne à Israël de «suspendre immédiatement ses opérations militaires» dans la bande de Gaza. Selon l’Afrique du Sud, Israël rompt ses engagements pris en vertu de la Convention des Nations unies sur le génocide, signée en 1948 à la suite de l’Holocauste.

Le principal organe judiciaire de l’Organisation des Nations unies est saisi. Israël fait face, jeudi 11 janvier devant la Cour internationale de justice, à des accusations d’«actes génocidaires» à Gaza, formulées par l’Afrique du Sud et qualifiées par le président israélien d’«atroces» et «absurdes».

Pretoria a saisi en urgence la plus haute juridiction des Nations unies, qui siège à La Haye, pour qu’elle enjoigne à Israël de «suspendre immédiatement ses opérations militaires» dans la bande de Gaza.

Selon l’Afrique du Sud, Israël rompt ses engagements pris en vertu de la Convention des Nations unies sur le génocide, signée en 1948 à la suite de l’Holocauste.

En tant que cosignataire du traité, Pretoria peut poursuivre Israël devant la CIJ, qui statue sur les différends entre États.

Dans sa requête de 84 pages, l’Afrique du Sud reconnaît le «poids particulier de la responsabilité» de l’accusation de génocide contre Israël et condamne «sans équivoque» l’attaque du Hamas du 7 octobre. Mais les actions israéliennes à Gaza sont destinées «à provoquer la destruction d’une partie substantielle du groupe national, racial et ethnique palestinien », accuse-t-elle.

«Il n’y a rien de plus atroce et absurde que cette affirmation », a réagi le président israélien Isaac Herzog. «Nous serons devant la Cour internationale de justice et nous présenterons fièrement notre cas de légitime défense (…) en vertu du droit international humanitaire.»

Selon Isaac Herzog, l’armée israélienne «fait tout son possible, dans des circonstances extrêmement compliquées sur le terrain, pour s’assurer qu’il n’y aura pas de conséquences imprévues ni de victimes civiles».

Des représentants des deux pays s’exprimeront lors d’audiences jeudi et vendredi. S’agissant d’une procédure d’urgence, la CIJ pourrait se prononcer dans quelques semaines.

Ses décisions sont sans appel et juridiquement contraignantes, mais elle n’a aucun pouvoir pour les faire appliquer.

En mars 2022, la CIJ avait ordonné à la Russie de «suspendre immédiatement» son invasion de l’Ukraine, une injonction complètement ignorée par Moscou.

La guerre entre Israël et le Hamas a été déclenchée par une attaque inédite le 7 octobre du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien qui a fait environ 1.140 morts, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP à partir du bilan israélien.

En représailles, Israël a juré de « détruire » le Hamas au pouvoir à Gaza et lancé une offensive dans ce territoire palestinien qui a fait au moins 23 357 morts, en majorité des femmes, des adolescents et des enfants, a indiqué mercredi le ministère de la Santé du Hamas.

La résolution complète de l’affaire devant la CIJ peut prendre des années.

À ce stade, «la cour ne déterminera pas si un génocide est en train de se dérouler à Gaza», a souligné Cecily Rose, professeure en droit international à l’université de Leyde aux Pays-Bas.

«La cour évaluera seulement s’il existe un risque de préjudice irréparable aux droits garantis par la Convention sur le génocide, en particulier le droit des Palestiniens de Gaza à être protégés contre les actes qui menacent leur existence en tant que groupe», a-t-elle souligné auprès de l’AFP.

Bombardements israéliens, Blinken en Égypte

Les bombardements israéliens se sont poursuivis dans le secteur de Khan Younès, dans le sud de Gaza, jeudi 11 janvier. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken se rend en Égypte pour rencontrer le président Abdel-Fattah al-Sissi.

Tôt jeudi, l’aviation israélienne a multiplié les frappes dans le secteur de Khan Younès, principale ville du sud de Gaza et épicentre des combats ces dernières semaines, selon des témoins. Le Hamas a lui a fait état de 62 morts dans la nuit à travers Gaza.

En début de soirée mercredi, le Croissant-Rouge palestinien avait annoncé la mort de six personnes, dont quatre de ses secouristes, dans une frappe sur une ambulance dans le centre de la bande de Gaza, qu’il a attribuée à l’armée israélienne.

«Les combats se déroulent sous le sol, sur terre, dans un territoire très, très complexe, face à un ennemi qui a préparé sa défense sur une très longue période et de manière très organisée », a déclaré le chef d’état-major de l’armée israélienne Herzi Halevi qui s’est rendu mercredi dans le centre de la bande de Gaza.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken poursuit en Égypte sa tournée au Moyen-Orient dans l’espoir d’endiguer une plus vaste propagation du conflit Israël-Hamas. La guerre devrait être au programme de la rencontre jeudi matin au Caire d’Antony Blinken et du président égyptien Abdel-Fattah al-Sissi, dont le pays avait joué un rôle clé en faveur d’une trêve d’une semaine fin novembre.

Mercredi, Antony Blinken en réunion avec le président palestinien Mahmoud Abbas avait «parlé de l’importance de la réforme de l’Autorité palestinienne, de sa politique et de sa gouvernance, afin qu’elle puisse effectivement assumer la responsabilité de Gaza (…) », tout en réaffirmant le soutien de Washington à la création d’un État palestinien.

L’armée israélienne a affirmé mercredi que deux journalistes d’Al Jazeera tués dans une de ses frappes dans la bande de Gaza dimanche, étaient «des agents terroristes» affiliés au mouvement islamiste palestinien du Hamas et à son allié du Djihad islamique.

Hamza Dahdouh et Moustafa Thuraya, qui avait collaboré comme vidéo journaliste avec plusieurs médias internationaux dont l’AFP, ont été tués dimanche dans une frappe sur leur voiture dans le sud du territoire palestinien, alors qu’ils étaient en mission pour la chaîne qatarie. «Avant la frappe, les deux pilotaient des drones qui présentaient une menace imminente pour les troupes israéliennes», affirme l’armée dans un communiqué.

Avec AFP

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