Tabu Ley, la merveilleuse histoire de sa naissance et de sa nombreuse progéniture

Pascal Tabu Ley, alias Rochereau, alias Seigneur Ley, alias Monument Vivant, etc, est, incontestablement, l’auteur-compositeur le plus prolifique de la musique congolaise ; le chanteur de charme le plus adulé des musiciens congolais de la IIIème et de la IVème génération et des mélomanes de tous les âges ; le premier chef d’orchestre à introduire le show dans la musique congolaise ; le premier musicien congolais et africain à jouer dans la salle mythique de l’Olympia de Paris, en France, et dans la plus grande salle de spectacles du monde, Carnegie Hall de New York , aux Etats-Unis d’Amérique, etc. Mais, sait-on vraiment où et dans quelles circonstances est né cet immense artiste-musicien? Pourquoi sent-t-il tant, de son vivant, le besoin d’avoir une multitude d’enfants ? Voici alors fidèlement racontées, pour la première fois depuis leur recueil en 2001, les péripéties de la merveilleuse histoire de la naissance et de la nombreuse progéniture de ce monstre de la musique congolaise, africaine et mondiale.

Pascal Tabu Ley, alias Rochereau, alias Seigneur Ley, alias Monument vivant, etc., est, incontestablement, l’un des plus grands, des plus prestigieux et des plus illustres des artistes-musiciens congolais et africains de l’histoire. Mais, où est-il né : A Mampoo, à Léopoldville ou à Bagata? Dans quelles circonstances est-il est né? La grossesse qui porte cette future star de la musique est conçue, en février 1940, à Léopoldville, l’actuelle ville de Kinshasa, la capitale de l’ex Congo-Belge, de la RD-Congo et de la musique congolaise et africaine, où vivent ses parents. Mais, elle va mieux se développer et éclore à Bagata, alors une bourgade de l’actuelle province du Kwilu, où la future icône de la musique va voir le jour. Qu’est-ce à dire?

SIX ANS D’ANXIETE

Les parents de Tabu Ley, papa Tambu et mama Colette, se marient, vers 1934, dans leur village de Mampoo. Ce village se situe dans le secteur de Kwilu-Ntober, territoire de Bagata, dans l’actuelle province du Kwilu. Quelque temps après, Papa Tambu immigre à Léopoldville. Il y trouve du travail salarié dans une entreprise privée. Ainsi, il s’y installe et y fait venir, sans tarder, son épouse. Ils passent un, deux, trois, quatre, cinq ans ensemble sans avoir fait d’enfant. Là, ils entament une sixième année d’anxiété. En effet, Mama Colette connaît et subit plusieurs fausses couches durant cette longue période. Le couple s’en inquiète. Mais, il ne comprend rien à cette situation qui le tourmente jours et nuits.

En 1940, Mama Colette est à nouveau enceinte. Son mari, Papa Tambu, est simultanément content et très anxieux. Car, il ne sait pas ce qui va encore leur arriver. Il fait part de cette pénible situation à son beau-frère, le frère-aîné de son épouse, qui vit et travaille, lui, à Bagata. Celui-ci, soucieux d’avoir des neveux et des nièces pour l’accroissement de son clan, supplie son beau-frère de lui envoyer sa sœur à Bagata. Il tient, en effet, à suivre lui-même, de très près, régulièrement et méticuleusement, l’évolution de cette énième grossesse de sa sœur jusqu’à son terme. Papa Tambu donne son accord. Il permet à sa femme d’aller passer quelques mois, jusqu’à l’accouchement, chez son frère à Bagata.

IL NAÎT SANS INCIDENT

Mama Colette, alors enceinte de trois mois, quitte Léopoldville, par bateau, pour Bagata. Où son frère, son épouse et leurs enfants la reçoivent à bras ouverts et prennent attentivement soin d’elle. Quelques six mois plus tard, et plus précisément le 14 novembre 1940, elle accouche, incroyable, mais vrai, sans aucun incident, d’un garçon ! Son bébé et elle-même se portent merveilleusement bien. Les deux clans du bébé, paternel et maternel, et les amis de la famille jubilent. « Mama Colette n’a jamais eu d’enfant depuis six ans qu’elle s’est mariée. Aujourd’hui, elle en a un dans ses bras», crie et chante, très joyeuse, sa belle-sœur.

Le petit garçon reçoit, à sa naissance, le nom ou le surnom très significatif d’ISIN-A-MOE en kiyanzi, la langue maternelle de ses parents. Ce nom ou ce sobriquet veut dire « origine ou source de la vie. » Car, il a fallu que sa mère, Mama Colette, rentre d’abord au mayumbu, là où son nombril avait été enterré, auprès de ses ancêtres donc, se ressourcer et se faire profondément bénir avant d’avoir ce premier enfant tant attendu. Les prêtres catholiques belges, qui vivent l’évènement, donnent à l’enfant le nom de Tambu, celui de son père biologique, qui sera déformé à l’école et deviendra Tabu. Ils le baptisent et le prénomment Pascal Emmanuel.

RETOUR A LEO

Bénis par les ancêtres et les prêtres, Mama Colette et son fils reprennent, trois mois après la naissance de celui-ci, par bateau toujours, le chemin de Léopoldville. En vue d’y rejoindre respectivement mari et père. Après quelques jours de navigation, ils accostent au port de l’Otraco (Onatra, SCTP) à Léopoldville. Ils sortent du bateau. Papa Tambu, qui les attendait impatiemment, les voyant, se précipite vers eux, embrasse son épouse et lui arrache le bébé, son bébé. Emerveillé, il le dévisage intensément pendant près de dix minutes. Il pousse, enfin, un profond soupir. En signe de satisfaction. Les yeux rivés vers le ciel, il prie instantanément, à haute voix, en ces termes : « Seigneur Dieu, tu fais de moi aujourd’hui, après six ans d’anxiété, père pour la première fois de ma vie. Je t’en suis très reconnaissant et je t’en remercie infiniment. Je te prie, enfin, de bénir abondamment cet enfant et de faire de lui une personne importante dans sa vie sur cette terre des hommes.»

La prière finie, il ne remet pas l’enfant à sa mère. Il ne le lâche pas depuis leur arrivée. Il le colle à sa poitrine. De temps en temps, il le redresse et le soulève vers le ciel. En murmurant les noms de ses différents aïeux, maternels et paternels, et celui de Dieu. Et ce, du port à la maison située dans la commune africaine de Kinshasa. Arrivés ici, le bébé toujours sur sa poitrine ou dans ses bras, il sort les habits qu’il avait déjà achetés pour lui. Il l’habille lui-même. Dès qu’il finit de l’habiller, il crie, à tue-tête, de joie, à l’intention des habitants de la parcelle qui reçoit le nouveau-venu: « Chers papa, mamans et enfants, voici votre fils ou votre frère. Nous l’attendions depuis longtemps. Aujourd’hui, Dieu a exaucé nos prières. Je deviens un papa digne de ce nom. J’ai maintenant un enfant, un garçon. Je remercie infiniment Dieu ainsi que vous tous ici, mes frères et sœurs.» Il disparaît, sans rien dire, pendant un moment. Il réapparaît, quelques instants plus tard, accompagné de trois jeunes gens munis de quelques casiers de boissons et des mets qu’il avait déjà fait préparer par une maman de son village habitant les environs. Il convie tous les habitants de la parcelle et certains voisins immédiats à une petite réception en l’honneur de son fils et de son épouse. Ils boivent, mangent, chantent, dansent, etc.

ENFANT UNIQUE

Malheureusement pour Papa Tambu et Mama Colette, l’enfant qu’ils célèbrent est le premier et le dernier sorti de leurs entrailles. En effet, ils n’auront plus jamais d’enfant après lui. Comme ils n’en avaient jamais eu avant lui. Isin-a-Moe Tambu Pascal Emmanuel, la future icône internationale de la musique, est donc l’enfant unique de ses parents. D’où, en grandissant seul avec et auprès de ses parents, sans grands-frères et petits-frères biologiques et sans grandes-sœurs et petites-sœurs biologiques, il envisage de fonder, quand il sera adulte et marié, une très grande famille. En faisant, lui-même, beaucoup d’enfants. Afin de bien s’entourer de ses enfants, de ses petits-enfants et, si Dieu le veut, de ses arrières petits-enfants, durant sa vie terrestre. Il me raconte, lui-même, toute cette histoire, en juin 2001, dans sa résidence de Limete, devant sa très chère mère, koko Colette. Qui, de temps en temps, glisse quelque commentaire dans notre conversation et verse quelque larme… Elle se remémore, en effet, cette histoire qu’elle a réellement vécue en compagnie de son défunt mari.

Effectivement, Tabu Ley a sorti de ses propres entrailles, selon ce qu’il me dit lui-même ce jour de juin 2001, beaucoup d’enfants. Contrairement aux folles rumeurs qui courent à ce sujet, particulièrement depuis ses funérailles officielles, en 2013, à l’esplanade du Palais du Peuple, il a eu, au total, vingt-trois (23) enfants, filles et garçons : 10 avec Georgette Mowana, alias Tété, la femme de sa jeunesse, sa très chère épouse légitime, sa principale muse, etc; 6 avec Jeanne Mokomo, alias Mundi, la Miss Congo 1969, sa seconde épouse, avec laquelle il vit un amour idyllique; 1 avec Antoinette Mabiki, une «rocherette» congolo-sénégalaise; 1 avec une Congolaise de Brazzaville; 1 avec une Rwandaise; 1 avec une Kényane; 1 avec Mbilia Bel, la chanteuse à la voix d’or et la danseuse de tonnerre avec laquelle il partage, huit ans durant, toutes les scènes; et, enfin, 2 avec sa dernière femme, la jeune et belle yanzi qu’il épouse après le décès de Tété, la mère supérieure.

ATTACHE A SA FAMILLE

Incroyable, mais vrai ! Tabu Ley reconnaît et connaît individuellement, par son nom, chacun de ses vingt-trois enfants. Et ceux-ci se connaissent bien entre eux. En effet, il prend à cœur et assume avec conscience et fierté ses responsabilités de père d’une famille nombreuse. C’est-à-dire, il élève lui-même tous ses enfants. Il les fait étudier, lui-même, dans les meilleures écoles primaires et secondaires de Kinshasa. Pour leur transport maison-école-maison, il met à leur disposition deux minibus qui passent et repassent, quotidiennement et régulièrement, partout où ils habitent et étudient. Mundi, l’une de ses deux principales épouses, confirme ce pan de la vie de leur illustre époux d’artiste-musicien. Elle en fait d’ailleurs un témoignage éloquent, sur les écrans de la RTNC, lors des funérailles de ce dernier.

Vingt de ces vingt-trois enfants de Tabu Ley détiennent chacun un diplôme universitaire européen, américain ou congolais. La fille qu’il a eue avec une Rwandaise est encore, en juin 2001, diplômée d’Etat. «Elle a préféré se marier plutôt que poursuivre des études universitaires », me souffle le père, lorsque celle-ci vient nous saluer. Quand ce père très attententionné, très aimable et très attaché à sa famille décède le 30 novembre 2013, il laisse ses deux derniers enfants à l’école respectivement secondaire et primaire. La famille qu’il laisse est réellement très grande et nombreuse. Elle est instruite et ouverte sur le monde. Elle est non seulement congolaise, mais également africaine et mondiale. Car, Pascal Tabu Ley, alias Rochereau, alias Seigneur Ley, alias Monument vivant, etc, appartient à tout le Congo, à toute l’Afrique et au monde entier.

VIE GRANDIOSE

Voilà fidèlement racontées, pour la première fois depuis leur recueil en 2001, les péripéties de la prodigieuse histoire de la naissance d’Isin-a-Moe Tambu Pascal Emmanuel, de sa solitude en tant qu’enfant unique de ses parents et de l’immense joie qu’il éprouve parmi ses enfants et ses petits-enfants, cette très grande famille dont il rêvait dans sa jeunesse et dont il est le géniteur et le patriarche. Voilà, enfin, dévoilée l’origine de l’extraordinaire, de l’éclatante et de la fructueuse carrière musicale qu’il connaît et mène sur cette terre des hommes. Dieu, ses ancêtres et ses parents, l’ayant abondamment béni à sa naissance, l’avaient prédestiné à un avenir sublime. Il vit incontestablement cette réalité de son vivant. Et ce, de 1959, l’année qui marque le début de sa carrière professionnelle à la fois administrative et artistique, jusqu’en 2013, l’année de sa mort, à Bruxelles, en Belgique. Soit 54 ans de vie grandiose. Depuis lors, il se repose éternellement au cimetière Métropole de la N’sele, dit Entre Ciel et Terre, à Kinshasa, la ville à partir de laquelle il a illuminé le Congo, l’Afrique et le Monde par sa belle et envoûtante musique!

MUSENE SANTINI BE-LASAYON

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