Crise du maïs : Le Grand Katanga et l’espace Kasaï au bord de la disette

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Le vice-Premier ministre (VPM), ministre de l’Economie nationale, Vital Kamerhe, conduit une importante délégation gouvernementale à Lubumbashi, avec pour mission de «s’enquérir de la situation de la hausse des prix de la farine de maïs dans le Grand Katanga et le Grand Kasaï». Partie de Kinshasa, le lundi 1er mai 2023, la délégation gouvernementale doit continuer, rapporte-t-on, jusqu’en Afrique du Sud, en passant par la Zambie. Au bord de la disette, dans le Grand Katanga et le Grand Kasaï, la panique gagne déjà les esprits au regard de la rareté de la farine de maïs. Le front social est déjà en ébullition. Et le VPM Kamerhe a reçu mission de désamorcer la crise.
Quatre membres du Gouvernement, selon des sources in- ternes de la Primature – neuf selon la copie d’un ordre de mission qui circule sur la toile – sont partis de Kinshasa, le lundi 1er mai 2023, en vue de s’imprégner de la situation de la hausse des prix de la farine de maïs dans le Grand Katanga et le Grand Kasaï. Des sources concordantes rapportent que la délégation gouvernementale devrait continuer sa mission jusqu’en Afrique du Sud, en passant par la Zambie.
Il s’agit sans doute de se rendre compte de la chaîne d’approvisionnement de la farine de maïs qui dessert les marchés du Grand Katanga et du Grand Kasaï.
La délégation, conduite par Vital Kamerhe, vice-Premier ministre en charge de l’Economie nationale comprend Julien Paluku, Jean-Lucien Bussa et Désiré Birihanze, ministres respectivement de l’Industrie, du Commerce extérieur ainsi que des Petites et Moyennes entreprises. L’objet de la mission est essentiellement en rapport avec la pénurie de farine de maïs que connaissent les provinces de l’ex-Katanga et des Kasaï.
A Lubumbashi, à Likasi (Haut-Katanga) et Kolwezi (Lualaba), une grave pénurie de farine de maïs préoccupent les familles depuis plusieurs mois. La même situation est observée à un degré plus élevé encore dans les centres urbains des provinces des Kasaï, approvisionnés depuis Lubumbashi par la voie ferrée de la SNCC dont le matériel roulant, obsolète, est en proie à d’inextricables problèmes de maintenance. Les rotations des trains vers Mwene-Ditu, Kananga et Ilebo se font au petit bonheur de la chance sur une voie non entretenue et régulièrement endommagée par de fréquents déraillements.
A Lubumbashi plus particulièrement, cette denrée est passée en l’espace de trois semaines de 40 mille à 100 mille francs congolais. La raison invoquée serait l’arrêt des exportations de la farine de maïs par le gouvernement zambien, traditionnel fournisseur, avec l’Afrique du Sud et jusqu’à une certaine époque le Zimbabwe, des provinces de l’ex-Katanga et des Kasaï.
CONTREBANDE ET SPECULATIONS
Les pénuries de farine de maïs sont partiellement résorbées par une forte activité de contrebande aux frontières zambiennes de Kasumbalesa, de Mokambo et de Sakania. Plus au Nord, depuis la ville zambienne de Mansa vers Kasenga (Haut-Katanga) sur la Luapula, expliquant les prix élevés pratiqués dans les centres urbains.
Le revers de la contrebande est chaque fois le renforcement des conditions d’entrée en Zambie et des patrouilles renforcées des douaniers qui procèdent à de multiples arrestations et internements dans les prisons de la province du Copperbelt.
Le gouvernorat du Haut-Katanga, alarmé, a trouvé une solution palliative à la crise en mettant sur le marché des sacs de 25 kilos vendus au prix de 20 mille francs congolais dans des points de vente préalablement déterminés. Une opération vouée à l’échec en raison des spéculations des agents commis aux opérations de vente qui en ont doublé le prix, tout en entretenant une rareté artificielle.

LA RESPONSABILITE DU GOUVERNEMENT
Au cours d’un briefing hebdomadaire co-animé avec son collègue de la Communication et porte–parole du Gouvernement, Patrick Muyaya, le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, avait exprimé sa surprise, quant aux pénuries récurrentes en farine de maïs dans le Sud du Katanga avec ses répercussions vers les Kasaï.
«C’est tout simplement incroyable», s’était alors exclamé Nicolas Kazadi. Et d’enchaîner : «Nous avons pourtant les mêmes sols en Zambie et au Katanga. Mais alors, pourquoi ne cultivons-nous pas aussi ? Jusqu’au point de rester tributaires des pays voisins».
La surprise de Nicolas Kazadi peut sembler surréaliste, venant d’un membre influent du gouvernement. Elle dénote en outre de l’absence d’une politique agricole planifiée et des mécanismes d’approvisionnement des grands centres urbains en denrées alimentaires de première nécessité. Ces derniers devant s’appuyer sur un secteur privé dynamique et bénéficiant d’une fiscalité avantageuse.
Rien de tout cela. Ce qui explique que ces pénuries de farine de maïs sont devenues cycliques, particulièrement au cours des mois qui précèdent les récoltes à la fin de mai et début juin. Et que chaque année, des délégations aussi bien provinciales que nationales se rendent régulièrement en Zambie et en Afrique du Sud négocier des approvisionnements de plus en plus difficiles à obtenir, ces pays faisant face eux-mêmes à des périodes de sécheresses qui impactent leurs propres populations.

DE SIMPLES PIS-ALLER
Si la délégation de Kinshasa obtient du gouvernement sud-africain des approvisionnements de farine de maïs à destination du Katanga et du Kasaï, ce ne sera qu’un pis-aller, une mesure d’urgence destinée à calmer la tension au sein d’une population traditionnellement frondeuse, et qu’il ne faut pas pousser à bout à huit mois des élections. Au stade actuel, il serait prématuré d’évoquer une famine dans le Katanga et le Kasaï. Mais l’état de disette est déjà visible.
Les éventuelles importations de farine sud-africaine viendront à coup sûr soulager les familles avant les récoltes à la mi-juin, mais elles ne sont pas la solution à long terme. Celle-ci dépendant d’une politique agricole bien pensée, avec la participation des exploitants privés exonérés de lourdeurs administratives et de la multiplicité de taxes et redevances qui alimentent la corruption et la spéculation et la fraude.

Econews

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