La grosse polémique qui entoure ces dernières semaines la cession-vente de la concession de l’Institut géographique congolais (IGC), un service relevant pourtant de la présidence de la République, n’est qu’un exemple parmi d’autres. Des écoles publiques aux administrations en passant par des paroisses et des universités et instituts supérieurs, c’est à qui décrocherait le plus juteux des contrats d’amodiation. L’Athénée de la Gare, le parking de l’Agence congolaise de presse (ACP), la concession de la RVA à Ndolo, la paroisse Sainte Famille à Ndjili ou encore, parmi les plus récents, l’ancien cercle récréatif de l’ONATRA et l’Université dominicaine de la 13ème rue à Limete… Ce dernier cas ayant entraîné la déchéance des deux prêtres incriminés, après un épique bras-de-fer avec l’Archevêque de Kinshasa.
Selon la définition tirée du dictionnaire Robert, amodiation signifie : louer une terre, une mine, moyennant une redevance périodique. Ramené à la réalité congolaise, le concept en vient à revêtir une signification qui échappe à l’entendement ordinaire. Kinshasa, la ville-capitale, est en passe de devenir un vaste supermarché; une succession sans fin d’établissements commerciaux plantés vaille que vaille, peu importe leur emplacement. Chinois, Indo-pakistanais et dans une moindre mesure des Libanais, font pousser, installer des chaînes de commerces et font sortir de terre des tours d’appartements à une vitesse vertigineuse.
En effet, il est devenu à la mode, dans le chef des mandataires à la tête d’entreprises et établissements publics de conclure des marchés avec des investisseurs immobiliers expatriés, aux termes desquels il est cédé à ces derniers la jouissance de la portion de terre pour des périodes allant de 20 à 30 ans, souvent à des montants dérisoires. Des amodiations négociées à l’insu de l’Autorité hiérarchique.
On applaudirait presque (à tort) face à la transformation de la ville, avec ses nouvelles barres d’immeubles que le Congolais lambda se contente de regarder de loin; ce luxe insolent, hors de sa portée et tellement inaccessible même dans ses rêves les plus fous. Non informé, malgré lui, il tomberait de haut s’il venait à découvrir le pot aux roses. En creusant un peu, il pourrait s’étonner de ce que ces nouveaux édifices s’étalent à la devanture des bâtiments et occupent des espaces publics inaliénables.
C’est là une nouvelle façon d’enrichissement facile : sauf à de rares exceptions, des poursuites ne sont jamais engagées contre ces spoliateurs du patrimoine de l’Etat. Des quoi en inspirer d’autres qui ont la chance de disposer encore d’espaces inexploités.
Econews