Effacer l’humiliation

Humiliation. Le terme est revenu au moins quatre fois dans l’adresse de prise de fonction du nouveau ministre de la Défense ce 29 mars. Jean-Pierre Bemba a développé dans son propos un discours qui, sans être ouvertement va-t-en guerre, bien que ne citant ni le Rwanda, encore moins l’Ouganda, il a été ferme : l’heure n’est plus aux longs discours.
Bien qu’il ne l’ait pas déclaré expressis verbis, par effacer l’humiliation subie par la nation, Bemba épouse les appels du peuple tout entier à extirper de l’armée des officiers «infiltrés» issus des multiples brassages et intégrations d’ex-combattants de la… multitude de groupes armés dont la plupart ont allègrement repris les armes, s’assurant de ce fait des passerelles de traîtrise qui fragilisent et paralysent les commandements militaires à tous les niveaux.
Hasard du calendrier ou simple coïncidence, la déclaration du ministre de la Défense est intervenue à vingt-quatre heures de la date-butoir arrêtée par les chefs d’états-majors des armées des pays de la Communauté de l’Afrique de l’Est, enjoignant le M23 d’amorcer son retrait des localités occupées dans le Nord-Kivu, en commençant par la cité frontalière de Bunagana que la «rébellion», appuyée par les forces rwandaises contrôle depuis la mi-juin 2022.
Ancien chef de guerre à la tête de la rébellion du Mouvement de libération du Congo (MLC) alors soutenu par l’Ouganda, Jean-Pierre Bemba a tout à prouver. D’abord, il devrait faire la preuve qu’il est affranchi de longue date de son ancien parrain ougandais Yoweri Museveni, dont le rôle dans la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC reste on ne peut plus ambivalent. Engagé dans des opérations conjointes avec les FARDC dans la traque des rebelles ougandais des ADF en Ituri et au Nord-Kivu d’une part, des informations récurrentes attestent régulièrement de sa collusion avec l’armée rwandaise d’occupation dans les territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo, d’autre part.
Le leader du MLC en est certainement conscient. Et selon l’expression consacrée, l’homme que l’on dit qu’il a une poigne de fer dans la conduite des affaires publiques pour avoir été l’un des quatre vice-présidents de la république (2003-2006) et intransigeant dans ses affaires privées sera jugé aux actes.
JPB apportera-il un souffle nouveau au sein des forces armées qui ne demandent pas mieux ? Sa connaissance du terrain et des hommes sera un atout pour lui. A condition, bien entendu, que ceux qui, au gouvernement, tiennent le cordon de la bourse lui facilitent la tâche et se rappellent que l’argent reste plus que jamais le nerf de la guerre.

Econews

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