Dans la crise sécuritaire qui écume la partie Est de la République Démocratique du Congo, la diplomatie montre, chaque jour qui passe, ses limites. Ainsi, pour la énième fois, les «terroristes» du M23 ont foulé aux pieds le cessez-le-feu convenu à Luanda, sous les regards du président Joao Lourenço, narguant toute la communauté internationale. Le M23 et son parrain, le Rwanda, ne sont pas prêts à s’inscrire dans la logique. Seules les sanctions pourront les dissuader. En mission en RDC, du 9 au 12 mars 2023, une délégation du Conseil de sécurité des Nations Unies, prévoit de passer par Goma, dans la province du Nord-Kivu. C’est le prélude d’une série de sanctions qui vont s’abattre sur le M23 et le Rwanda, son principal soutien.
Pour la énième fois, les «terroristes» du M23 ont tourné, autant le président angolais, Joao Lourenço, que toute la communauté internationale en bourrique, en violant le cessez-le-feu, convenu à Luanda et censé entrer en vigueur le 7 mars 2023 à 12 heures, heure de l’Est de la République Démocratique du Congo.
Le cessez-le-feu annoncé entre les FARDC et le M23 a donc échoué.
Le ton du général Emmanuel Kaputa, le vice-commandant de la force régionale déployée en RDC, était pourtant rassurant, en début de semaine, quand il annonçait que le déploiement des forces burundaises dans le cadre de la force sous-régionale de l’EAC, «c’est pour matérialiser le cessez-le-feu qui intervient dès ce mardi 7 mars 2023. Ensuite, c’est pour participer au retrait du M23».
Réouverture des axes routiers, cessation des hostilités, retrait du M23, programme de désarmement et insertion des combattants : voilà ce qui était prévu par l’accord passé à Luanda, sous l’égide de l’Union africaine. Avant que tout ne s’évanouisse.
Dès mercredi, dans la soirée, le M23 a lancé plusieurs attaques dans les territoires de Masisi, de Rutshuru et de Nyiragongo, scellant ainsi l’échec du cessez-le-feu.
Comme à l’accoutumée, le M23 utilise l’argument qu’il affectionne le plus, c’est-à-dire la diversion, en rejetant cette responsabilité à une virtuelle attaque des Forces armées de la RDC. Que dire de plus ? En réalité, le M23 a exposé au grand jour sa mauvaise foi. Poussé par son parrain, le Rwanda, le M23 ne s’inscrit jamais dans la logique de la paix. Entretenir un climat de terreur dans l’Est de la RDC pour jouer le jeu du Rwanda reste donc son principal leitmotiv. Dans ces conditions, rien ne devait empêcher le Conseil de sécurité des Nations Unies d’actionner sa machine à sanctions.
A Kinshasa, le président français, Emmanuel Macron, a mis le M23 et le Rwanda à l’épreuve dans l’espoir d’une repentance qui n’a pas été au rendez-vous. Les sanctions restent la seule issue possible pour stopper l’élan belliqueux de Kigali. Avec l’arrivée en RDC d’une délégation du Conseil de sécurité des Nations Unies, les sanctions sont en téléchar-gement. Aussi, la délégation du Conseil de sécurité prévoit-elle de boucler a mission par Goma, chef-lieu de la province meurtrie du Nord-Kivu, pour documenter les crimes commis par le Rwanda et ses suppôts du M23.
Le décor se met en place
Le Conseil de sécurité des Nations Unies envoie une délégation qui va passer trois jours en RDC. Là encore, la population du Nord-Kivu attend plus qu’une simple visite supplémentaire, après celles de l’état-major de l’Union africaine et de l’EAC. Elle réclame à l’Onu «une condamnation et une décision ferme», comme le résume Hubert Kifaliko à la DW.
Pour Thomas Fessy, chercheur principal de HumanRights Watch sur la RDC, cité par DW, «le Conseil de sécurité de l’ONU devrait mettre l’accent sur la protection des civils », alors que les exactions continuent dans le Nord-Kivu.
«Même les camps de déplacés constate le chercheur qui estime que les Nations Unies pourraient agir ne sont pas les sanctuaires qu’ils devraient être», «par le mandat de la Monusco», mais aussi «en faisant pression sur les autorités congolaises et les Etats voisins pour que la protection des civils et la justice soient au cœur de toute stratégie de règlement des conflits […] Le Conseil de sécurité peut aussi faire usage de son régime de sanctions à l’encontre du M23 et de tout autre responsable de la région impliqué dans les exactions actuelles».
Des indiscrétions rapportent qu’officiellement, la délégation du Conseil de sécurité est arrivée en RDC pour documenter les crimes de guerre que commettent les troupes régulières rwandaises et leurs supplétifs du M23 dans les environs de Goma.
Lorsque pudiquement le communiqué indique qu’il s’agit de l’évaluation de la situation sécuritaire dans cette partie du pays, il faut aller au-delà pour découvrir qu’il est plus question de scruter au plus près la nature des crimes commises dans l’Est de la RDC. Les Congolais ont intérêt à ne point laisser passer cette opportunité. Le livre blanc qui reprend les crimes doit servir de trame à la communication qui sera au menu des entretiens. A Goma, les autorités doivent convaincre la délégation.
Quoi qu’il en soit, les populations meurtries du Nord-Kivu sont lassées des paroles. Ils demandent des sanctions contre le Rwanda.
Econews