Quand Augustin Matata Ponyo accède à la Primature en remplacement du Palu Adolphe Muzito venu à la rescousse du mandat inachevé d’Antoine Gizenga rendu inopérant par l’âge, des gouverneurs de province réactivèrent l’article 175 de la Constitution instaurant la retenue à la source des recettes allouées aux provinces. Une disposition que le gouvernement central n’a jamais appliquée. L’opinion se rappelle qu’à l’époque, ce sont les gouverneurs du Katanga (Moîse Katumbi), Jean Bamanisa (Ituri) et Julien Paluku (Nord-Kivu) qui mèneront de front un combat de longue haleine avec des résultats mitigés.
Ils seront rejoints par le gouverneur de Kinshasa (Gentiny Ngobila), ce dernier s’illustrant même dès 2019 par une fronde qui l’opposera au ministre de l’Intérieur, en nommant de son propre chef des responsables municipaux. Un combat perdu d’avance, tempéré par des oboles de quelques millions dérisoires dont Kinshasa se délestait de manière aléatoire, tandis que les Exécutifs provinciaux avaient régulièrement maille à partir avec leurs assemblées provinciales qui tiraient, et tirent encore le diable par la queue. A ce jour, les organes délibérants des 26 provinces cumulent près de 30 mois d’arriérés de leurs émoluments.
S’exprimant devant les médias ce 20 février, le ministre des Finances a levé tout ce qui pourrait s’apparenter à une équivoque. En exagérant un tantinet, l’on en viendrait presque à conclure que tant qu’il sera l’argentier national, pour Nicolas Kazadi, la rétrocession-retenue à la source des recettes provinciales ne sera jamais d’application.
Et pour cause. Selon lui, l’instauration de la caisse nationale de péréquation, alliée à une programmation rationnelle du Programme de développement de 145 territoires viendraient mettre un terme à la disette des institutions provinciales.
Alors, la retenue à la source, une chimère à laquelle ’’le Bloqueur national’’ n’entend pas déroger ? La réponse est dans la question. D’autant que Nicolas Kazadi considère que les dispositions constitutionnelles y relatives devraient faire l’objet d’une révision. A son corps défendant, Nicolas Kazadi n’a pas prétendu faire injonction au Parlement. Il n’aurait exprimé que son seul sentiment. Son intime conviction. Il n’empêche que le message est passé; même s’il ne subsiste aucune crainte de revoir renaître la fronde de jadis, tous les gouverneurs de province parlant dorénavant d’une seule et unique voix.
Econews