L’Observatoire de la dépense publique (ODEP) a publié le mardi 21 février 2023 un rapport sur la gestion des finances publiques des régimes Kabila et Tshisekedi.
Lors d’une conférence de presse qu’il a animée à Kinshasa, le président du conseil d’administration de l’ODEP, Florimond Muteba Tshitenge, a déclaré que les régimes se succèdent, mais la mauvaise gouvernance des finances publiques demeure mauvaise et s’aggrave. De 2019 à 2023, a-t-il signalé, le comportement est le même : «plus de moyens pour les institutions et moins de moyens pour le social ou alors, une exécution minable ».
Le président de l’ODEP s’est étendu sur les dysfonctionnements observés dans la gestion des finances publiques avant de parler de propositions faites aux différences institutions de la République qui interviennent dans la gestion de la Respublica.
Le bilan
Parlant de bilan de ces quatre dernières années de gestion de gestion du président Félix Tshisekedi sur le plan des finances publiques, Florimond Muteba a relevé que «ce bilan est largement négatif». Et d’ajouter : «S’il faut considérer que le régime de Joseph Kabila était un mal en matière de gestion des finances publiques, celui de l’actuel chef de l’État est le pire ».
A l’en croire, aucune réforme majeur n’a été faite jusque-là par le régime en place. Même celles laissées par l’ancien régime souffrent d’application.
«Joseph Kabila avait mis en place plusieurs réformes majeures », a rappelé le président du conseil d’administration de l’ODEP, avant d’ajouter : «Donnez-moi une seule réforme majeure du régime actuel ».
Il a ensuite relevé que «la bonne gestion des finances publiques est le cadet des soucis de l’actuel régime et le respect des lois sur les finances publiques n’existe pas chez eux. Pour preuve, il a cité le dossier dit de «100 jours».
D’après son constat, Florimond Muteba pense que le bilan de la mégestion des finances publiques ne peut être totalement mis sur le dos du Premier ministre, Sama Lukonde. Il devrait être partagé avec le gouvernement parallèle de la Présidence de la République qui chevauche sur les actions du gouvernement central.
«Sama Lukonde a été un premier ministre faible et affaibli, entre autres, par le gouvernement bis de la Présidence de la République qui fonctionne comme s’il était dans un régime présidentiel », a fait remarquer le président du conseil d’administration de l’ODP, tout en condamnant le parlement au motif qu’il ne fait jamais un contrôle sérieux du gouvernement.
«Les dépassements budgétaires sont devenus un mode de gestion», a-t-il déploré. «Cela se fait malheureusement sentir dès l’entame de l’exécution du budget 2023 », a-t-il relevé.
Il a souligné que ce rapport de l’ODEP attire l’attention de l’opinion sur le déficit de 491 milliards de francs congolais (environ 230 millions USD) constaté au 31 janvier 2023.
Pour cette plateforme de la Société civile, «une gouvernance budgétaire assise sur de telles faiblesses n’a pas permis, quatre ans après, de placer la République Démocratique du Congo sur la voie de l’émergence, de créer richesses, ni d’améliorer les conditions sociales de la population, encore moins rendre effective la décentralisation telle que prévue par la Constitution ».
Les recommandations
L’ODEP fait plusieurs recommandations à tous les niveaux de gestion de la chose publique.
Au Président de la République, l’ODEP propose la réhabilitation de la fonction de contrôle, tout en donnant les moyens nécessaires à la Cour des comptes, à l’Inspection générale des finances et à la Direction Générale de Contrôle des Marchés Publics afin de lutter efficacement contre la corruption et de veiller à la bonne gouvernance des finances publiques. Il lui demande, en même temps, d’organiser un forum national sur la fragilité budgétaire en vue de la compréhension de la chaîne de la recette et des dépenses publiques ; et de prendre des mesures visant le respect du circuit de la dépense publique et le plan d’engagement budgétaire par son cabinet.
Au Premier ministre, l’ODEP recommande de procéder à l’informatisation de la chaîne de la recette publique, à la limitation du recours à la procédure d’urgence et de s’en tenir au respect strict du circuit de la dépense publique, ainsi qu’à celle relative à la passation de marchés publics et de veiller à la régularité des dépenses urgentes conformément au Manuel de procédure et le circuit de la dépense publique.
Il est appelé au Parlement à renforcer le contrôle de l’exécution de la loi des finances en interpellant les membres du gouvernement, des institutions et des services publics. Les parlementaires sont aussi invités à exploiter à bon escient le projet de reddition des comptes et les observations de la Cour des comptes y relatives.
D’autres recommandations sont adressées à la Société civile et à certaines institutions du pays, notamment la Cour des comptes, le gouvernement, les régies financières nationales. Lesquelles sont contenues dans le rapport présenté.
Tighana MASIALA