La Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (EAC, en anglais) est très fâchée contre la République Démocratique du Congo. Pour cause : la décision du gouvernement congolais considérant comme persona non grata les soldats rwandais déployés à Goma dans le commandement de la Force régionale de l’EAC.
Depuis Arusha, en Tanzanie, le secrétariat général de l’EAC a envoyé, le 1er février 2023, une lettre de désapprobation au chef de la diplomatie congolaise, Christophe Lutundula. L’EAC lui demande des «clarifications urgentes» sur les raisons qui ont poussé le gouvernement congolais à renvoyer les officiers rwandais bases à Goma dans le cadre de la Force régionale.
Dans sa lettre, traduite de l’anglais, le secrétaire général de l’EAC rappelle le VPM (Vice-Premier ministre) en charge des Affaires étrangères en ces termes : « Votre Excellence, vous pouvez vous rappeler que le déploiement des officiers au quartier général de la Force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est à Goma pour soutenir le Centre de commandement régional, était une décision des chefs d’État lors de leur réunion sur le processus de paix dans l’Est de la République Démocratique du Congo, qui s’est tenue en marge de la COP27 le 7 novembre 2022 à Sharm El Sheik, en Égypte ».
Dans la même lettre, le secrétaire général de l’EAC rappelle l’engagement souscrit par le gouvernement de la RDC, en date du 8 septembre 2022, d’accorder des « privilèges » et des « immunités » au personnel de la Force régionale de l’EAC.
Pour toutes ces raisons et prenant en compte la violation par la RDC des accords dont elle est signataire, le secrétaire général de l’EAC demande «urgemment» au VPM Christophe Lutundula des «clarifications» sur l’expulsion des officiers rwandais intégrés dans le centre de commandement de la Force régionale, basé à Goma.
Comme pour apaiser, le secrétaire général de l’EAC rappelle la volonté de la communauté sous régionale de travailler, suivant les principes convenus par les chefs d’Etat des pays membres et le facilitateur désigné, en l’occurrence le Kenyan Uhuru Kenyatta, pour la réalisation d’une paix durable dans l’Est de la RDC.
En effet, Kinshasa avait décidé d’expulser les soldats rwandais des troupes de maintien de la paix de la Force régionale de l’EAC, stationnées dans la ville de Goma.
Dans un communiqué des Forces armées de la RDC, publié lundi, il a été indiqué que les soldats rwandais de la force de maintien de la paix de la Communauté d’Afrique de l’Est ont été expulsés pour des «raisons de sécurité».
«Pour des raisons sécu-ritaires, la République Démocratique du Congo a enjoint le Commandant de la Force régionale de la communauté des Etats de l’Afrique de l’Est de rapatrier dans leur pays, les officiers rwandais, membres du quartier général de la Force basées à Goma », indiquait le communiqué des FARDC. Ces officiers rwandais ont quitté le sol congolais pour leur pays depuis le dimanche 29 janvier, précisait l’armée congolaise.
Ce communiqué des FARDC ajoute que « à la suite de cette décision, le Rwanda a rappelé tous ses officiers faisant partie de tous les mécanismes régionaux basés en RDC ».
24 heures avant cette expulsion des officiers rwandais de la Force régionale, l’armée congolaise avait fait état des renseignements rapportant «la présence dans le Masisi d’un corps expéditionnaire des forces spéciales de l’armée rwandaise chargé de commettre un autre massacre ciblé contre des Tutsi congolais afin d’attribuer ces actes ignobles aux Forces armées de la République Démocratique du Congo et de trouver un alibi convaincant pour justifier devant l’opinion internationale la présence des troupes d’agression rwandaises en RDC ».
La Communauté d’Afrique de l’Est a déployé des troupes de maintien de la paix à Goma et dans ses environs suite à l’avancée des terroristes du M23.
La partie orientale de la RDC, qui borde le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi, est le théâtre d’attaques et d’affrontements depuis 20 ans par des groupes armés qui tentent de prendre le contrôle de mines telles que celles d’or et de cobalt. A Kinshasa, on est convaincu que les terroristes du M23 bénéficient du soutien en hommes et en armes de Kinshasa.
Hugo Tamusa